Le recours aux services des nourrices, même pour les enfants en âge d'être mis dans des crèches et écoles maternelles par l'absence de celles-ci dans tous les quartiers. Les habitudes des ménages ont nettement évolué avec les mutations dictées par les exigences économiques : les femmes sont parvenues à arracher leur place aux côtés des hommes. Des postes qui les contraignent à s'absenter de leur foyer. C'est là que commence leur bataille pour ne pas renoncer à leur rôle de mère, en déléguant la tâche de s'occuper de leur bébé à une nourrice. Si par le passé, cette tâche était confiée aux proches de la famille, aujourd'hui, les parents sont obligés de chercher un autre moyen d'assurer la garde de leurs enfants pas encore scolarisés. Si les crèches sont nombreuses à offrir des services répondant un tant soit peu à l'attente des parents, le problème se pose avec acuité avec les tout petits n'ayant pas encore atteint 24 mois, c'est-à-dire l'âge agréé pour l'entrée à l'école maternelle, d'où la nécessité d'avoir recours aux services des nourrices. Comment dénicher la perle rare ? Doit-on faire confiance ? Et comment s'entendre sur les horaires, les frais ? Ce sont autant de questions qui définiront les paramètres de sélection de la nounou à qui l'on confie son petit. Bon nombre de femmes exploitent ce créneau, histoire de créer un revenu en l'absence de perspectives pour trouver un travail bien rémunéré. C'est ainsi que des appartements se transforment en centres d'accueil pour enfants. Si certaines femmes veillent au respect des règles d'hygiène et offrent un espace chaleureux pour les enfants gardés, pour d'autres, c'est carrément la course au le gain facile. « Non seulement la nourrice garde plus de 4 enfants dans son appartement, mais elle se permet même de sortir pour faire ses courses et laisse les gosses sous la surveillance de son enfant âgé d'à peine 8 ans », raconte Farida qui a eu « une aventure » avec une nourrice à Belcourt. « C'est une voisine qui m'a ouvert les yeux et quand j'ai demandé des comptes, la femme n'a même pas essayé de cacher la vérité », ajoute notre interlocutrice. Ils sont en effet nombreux à avouer ne pas être tout à fait sûrs du traitement réservé à leur enfant. Mange-t-il à sa faim ? Sa couche a-t-elle été changée durant la journée ? Autant de questions qui tracassent les parents et qui restent sans réponse, puisque l'enfant n'est pas encore en mesure de parler et en l'absence de moyens de contrôle de l'activité de la nourrice. Les parents ont recours aux services des nourrices, même pour les enfants en âge d'être placer dans une crèche ou à l'écoles maternelle, en raison de l'absence de celles-ci dans tous les quartiers. Aussi, si ces établissements existent, leur offre est limitée en matière d'horaires. La plupart sont alignés sur les horaires de travail de l'administration, « mais tout le monde ne travaille pas dans l'administration », rappelle Sihem qui exerce dans le secteur agroalimentaire. Occupant un poste de responsabilité, cette maman fait toutes les gymnastiques cérébrales pour essayer de faire récupérer à chaque fois son enfant placé dans la crèche du quartier. Ces établissements publics ou privés sont loin de répondre aux attentes des parents en matière d'horaires et de disponibilité. L'effet d'annonce de Ould Abbès Le gouvernement, par la voix de M. Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, a déjà annoncé la mise en place de textes juridiques permettant de contrôler l'activité des nourrices à domicile, via un réseau d'assistantes sociales. L'activité des crèches sera également passée à la loupe, selon lesdits textes. Mais près de deux ans après l'annonce, rien n'est encore fait sur le terrain. D'ailleurs, nos tentatives d'obtenir des informations sur ces projets annoncés à maintes reprises sont restées vaines.