Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L'inquiétude des parents est grande à chaque démarrage de la saison sociale pendant laquelle s'enclenche le parcours du combattant. Quelle âme charitable prendra soin de mon bébé au long de la journée ? Le nouveau mode vie donne toute latitude aux couples de gérer leur foyer loin des regards des aïeux. Du moins ils assument la lourde responsabilité de prendre en charge en solo l'emploi du temps de leur progéniture en bas âge. En effet, les couples travailleurs à plein temps notamment éprouvent moult difficultés à se partager entre bureau et nurserie. Les plus chanceux peuvent compter encore sur la berceuse des grands-parents. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Utiles et nécessaires Ainsi, la seule échappatoire demeure le recours aux crèches publiques ou privées, seul substitut des familles appelées à «caser» des poupons. Le casse-tête chinois des Constantinois ne s'arrête pas là. Il importe de trouver la bonne adresse qui ne soit pas trop éloignée de la résidence des parents et du lieu de travail. Ce qui est peut-être trop demander ! L'APC de Constantine ne dispose que de 4 crèches situées à la cité Filali, à l'avenue Ben M'hidi, à Saint-Jean et à Sidi Mabrouk. Elles sont, certes, implantées dans des cités populeuses. Toutefois la cartographie de la ville s'est métamorphosée ces dernières années et, par voie de conséquence, ces 4 points d'accueil sont dépassés non pas par des surcharges, mais par une disproportion entre la répartition des inscrits. C'est une situation qui a ouvert la voie à l'investissement juteux dans ce créneau au niveau des banlieues. Mais avec des prix qui frôlent les 5 000 par mois. Alors que, dans un établissement étatique, on s'acquitte seulement d'une somme estimée à 1 500 DA. «C'est une somme dérisoire comparée à celle proposée dans les différentes garderies», révèle le responsable social de l'APC, M. Mezhoud, indiquant qu'«en moyenne les crèches communales abritent 90 enfants chacune par an. Ce nombre n'est pas tout le temps stable. Chaque unité est dirigée par un effectif de 50 personnes». Il est évident que la commune consacre un budget appréciable à la gestion de ses crèches car «la somme versée chaque mois par les parents est vraiment loin de couvrir toutes les charges. C'est du social que l'on fait». On apprend que le budget de roulement débloqué annuellement avoisine les 400 millions de centimes. En ce qui concerne la nourriture et l'hygiène, les services compétents y veillent comme il se doit. «Nos crèches répondent aux normes. Elles sont dotées de toutes les commodités.» Et d'ajouter : «Je peux vous rassurer que le volet alimentaire ne nous a joué aucun mauvais tour jusque-là quant à une éventuelle intoxication», rassure notre interlocuteur. Et pourtant certains parents que l'on a approchés se plaignent de la qualité des mets proposés à leurs enfants. «Avec 1 500 DA le mois, l'essentiel est de leur garantir du moins un repas sain…» réplique un autre agent affilié à une crèche locale. Mezhoud relève un seul obstacle ayant fourni un argument aux parents. «Le seul souci auquel on fait face a trait au lait pour bébés. Nos moyens ne nous permettent pas de les doter chacun de la marque qui lui convient. Il y en a plusieurs ! Sur ce sujet, les parents concernés se sont montrés compréhensifs et se sont chargés de cet aliment.» Des projets prometteurs Au chapitre des futurs projets de construction d'éventuelles crèches, rien ne se profile à l'horizon. Pour l'heure, la commune songe à restaurer les mêmes espaces qu'elle gère en été avec des travaux d'extension. Ces restaurations permettraient du coup de gagner quelques places supplémentaires pour accueillir plus d'enfants l'année prochaine. «Nous allons arrêter un budget spécial pour mener à bien cette mission. Ce qui nous amène à 80 places supplémentaires par bâtisse.» Si la mairie concrétise ces travaux d'extension à temps, on sera en mesure d'avancer la naissance de l'équivalent «de deux autres crèches» intégrées aux 4 existantes. Quant aux garderies privées, avant qu'elles ne soient opérationnelles, leur éventuelle gérante devra passer un stage de six mois dans l'une des crèches communales, selon les choix, pour obtenir le fameux certificat. Sans quoi la wilaya ne pourra attribuer l'agrément d'ouverture. Des horaires handicapants Le facteur temps handicape beaucoup les parents sommés de récupérer leurs bambins avant 16h. A cela s'ajoute un autre obstacle, celui des vacances prises par les crèches en simultanée avec les établissements scolaires et l'université ! Ainsi, les deux crèches de la Casorec et de la Sonelgaz destinées à leurs travailleurs respectifs ne dérogent pas à ce repos ! Cette situation contraint souvent les mères ne faisant pas partie du monde de l'enseignement à frapper aux portes des femmes au foyer pour espérer une garderie «calme» sans condition. «Heureusement qu'il existe des femmes qui versent dans ce domaine sinon je ne vois pas franchement où je devrais laisser mon bébé», devait nous dire une femme travailleuse qui estime avoir trouvé un foyer «sain» pour garder son enfant. En fait, cette situation touche aussi les enfants scolarisés dans le cycle primaire et dont les parents activent loin des écoles. Des nourrices viennent les récupérer quotidiennement. La problématique de la répartition de temps est relancée pour mettre en harmonie pères, mères, enfants et surtout les garderies de ces derniers.