Les premiers éléments de l'enquête diligentée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, suite au décès de la jeune parturiente âgée de 23 ans, le 26 juillet dernier, après avoir été renvoyée par trois établissements publics et accouché d'un bébé mort-né dans la voiture familiale à Djelfa, dévoilent l'ampleur d'un dysfonctionnement généralisé dans un secteur actuellement en totale déliquescence. Négligence, imprudence, maladresses, inconscience et erreurs sont autant d'anomalies répertoriées dans le rapport des enquêteurs lors de ce dramatique événement où la maman et le bébé ont souffert le martyr pour ensuite perdre la vie. Ce qui était vraisemblablement aux yeux du personnel de service, ce jour-là, quelque chose de normal. Renvoyer d'un hôpital à un autre des parturientes n'est pas un fait nouveau en Algérie. Il est inscrit dans les gestes quotidiens qu'il faut aujourd'hui bannir. Elles sont nombreuses ces mamans à faire des kilomètres avec des contractions sans pouvoir être soulagées. Si certaines s'en sortent en accouchant dans la voiture, d'autres malheureusement décèdent suite à des complications. Les raisons évoquées sont souvent liées au manque de places ou pour incompétence. Que s'est-il réellement passé pour cette jeune maman de 23 ans morte avec son bébé ? Dès sa présentation à l'hôpital de Aïn Oussara dans la wilaya de Djelfa, on lui signifie que la sage-femme est en congé de maladie et qu'il n'y a pas de remplaçante, on lui suggère alors d'aller à l'hôpital de Hassi Bahbah, situé à 45 km. «Les enquêteurs ont révélé que la sage-femme a bénéficié d'un congé de maladie de complaisance délivré par un médecin d'un établissement de santé publique d'Alger», nous confie une source proche du dossier. Arrivée sur les lieux, la jeune maman est auscultée par une sage-femme qui lui signifie que son accouchement est encore loin et qu'il fallait repartir sans prendre la précaution de pendre l'avis du médecin gynécologue de garde. Elle se rend donc à l'hôpital de Djelfa à 45 km, sans pour autant bénéficier des soins appropriés malgré la consultation par un gynécologue. La parturiente s'est vue dans l'obligation de revenir à Aïn Oussera pour un accouchement normal, mais en cours de route son état s'aggrave et elle accouche d'un mort-né dans la voiture. Elle est admise par la suite à l'hôpital de Aïn Ouassera en urgence au bloc opératoire, où elle est opérée par un gynécologue cubain et décède le lendemain au service de réanimation. Le rapport des inspecteurs du ministère de la Santé est assez chargé et les mesures risquent d'être très lourdes pour les personnes concernées. Les conclusions finales de l'enquête seront rendues cette semaine, et en attendant, des mesures conservatoires ont été prises à l'égard de toutes les personnes impliquées dans ce drame. Les personnels médicaux responsables au niveau des trois hôpitaux (Aïn Oussera, Hassi Bahbah et Djelfa) ont été suspendus, en attendant l'achèvement des enquêtes initiées. Par ailleurs, la famille de la victime a déposé une plaine et la justice a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de ce drame. De son côté le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière s'est constitué partie civile après avoir dépêché une commission d'enquête. La population de la wilaya de Djelfa a exprimé dimanche sa colère en organisant des marches et sit-in devant les établissements de santé et la direction de la santé de la wilaya pour exiger des sanctions à l'encontre des responsables de ce drame et l'amélioration des conditions de prise en charge des malades, notamment à Aïn Oussera, dont l'hôpital date des années 1970 et ne dispose que de 60 lits pour 170 000 habitants.