L'autre jour, un voisin, visiblement embarrassé, faisait part de sa gêne d'une escouade de Subsahariens squattant le bas de son immeuble. Il ne sait plus quelle attitude prendre vis-à-vis de ces personnes en détresse fuyant la faim et l'insécurité dans leurs pays d'origine. Allongés avec leur progéniture sur des couvertures posées à même le sol, ces réfugiés tendent la sébile, en apostrophant les piétons et les automobilistes. Le bonhomme en question ne sait plus quoi faire. Il ne sait plus quel comportement adopter. Il est devant un dilemme. Doit-il fermer les yeux en les croisant tous les jours matin et soir au seuil de la porte d'entrée de son bâtiment ? Doit-il souscrire à l'option humanitaire en leur donnant la pitance, comme le font ses voisins de palier ? Ou doit-il les inviter à débarrasser le plancher de sa ‘'houma'' qui, chaque jour, reçoit d'autres ‘'maisonnées'' qui s'éparpillent pêle-mêle dans les coins et recoins de la rue. Pour cette dernière alternative, il risque d'être taxé de xénophobe ou de mauvais musulman. Comme pour clouer le bec à ceux qui refusent de voir régner toute cette anarchie ambiante, d'aucuns n'hésitent pas à brandir l'épisode dramatique de la décennie rouge, lors de laquelle on a assisté à l'exil vers les grands centres urbains et le squat de pans de territoire par des gens en détresse, en quête de gîte et de couvert… Il est vrai qu'on ne doit pas avoir la mémoire courte. L'on se souvient de notre pays, terre d'accueil pour les Chiliens fuyant la dictature de Pinochet des années 1970, de certains boat people du Viêt Nam, qui avaient échoué sur le sol de notre capitale, ainsi que des Bosniaques des années 1990, accueillis par milliers et pris en charge dans des conditions décentes dans des centres d'accueil, avant qu'ils ne soient rapatriés. S'il est vilain de qualifier ces migrants subsahariens de ‘'dangereux ou de transmetteurs de sida'', il n'est pas moins inadmissible pour les pouvoirs publics de faire montre d'apathie. Ceux-là mêmes qui se plaisent à laisser tous ces traîne-misère répandre leurs guêtres au milieu des cités populeuses sans juger utile de voler à leur secours. Serait-il synonyme de corvée pour nos autorités d'éliminer de notre espace public cette triste scénographie, en regroupant ces souffreteux – qui ont déjoué aisément la vigilance de nos gardes-frontières – dans de dignes bases de vie ? Comme c'est le cas pour les campements des réfugiés sahraouis à Tindouf ?!