L'Algérie reste à la traîne des pays du Maghreb en matière de revalorisation des chercheurs scientifiques. Ce constat a été révélé, hier, par le Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), affilié à l'UGTA, lors de la session ordinaire de son conseil national, tenue au Cerist, à Ben Aknoun (Alger). Le secrétaire général du SNCP, Smati Zoghbi, a indiqué, lors d'un point de presse, que le salaire d'un chercheur permanent en Algérie oscille entre 35 000 DA (350 euros) pour un débutant et 50 000 DA (500 euros) en fin de carrière. En revanche, nos voisins du Maghreb semblent prendre de l'allure puisqu'un chercheur est payé 1200 euros au Maroc, 800 euros en Tunisie et 500 euros en Mauritanie. Cet état de fait devient affligeant si on ose une comparaison avec les pays du Golfe, la France ou l'eldorado de l'immigration, le Canada. Une réalité amère que tout peut expliquer, sauf l'aisance financière dont bénéficie l'Algérie. Il y a comme un complexe chez nos responsables, qui manifestent toujours une certaine crainte pour revaloriser la ressource humaine », explique M. Zoghbi. Le rapporteur du projet de résolution plateforme lance : « Si les chercheurs en Algérie ne sont pas satisfaits, il sera un rêve que de tenter de faire rentrer les chercheurs algériens qui ont quitté le pays. » Allusion aux appels incessants lancés par les autorités du pays, dont le président Bouteflika, à l'adresse des chercheurs algériens se trouvant à l'étranger pour qu'ils regagnent le pays. « Malheureusement, aucun chercheur en Algérie n'hésitera à quitter le pays, si une occasion se présente à lui », ajoutera le membre du bureau national du SNCP. Autre indicateur déplorable : l'Algérie ne consacre que 0,3% de son PIB à la recherche scientifique, loin derrière le Qatar, à titre d'exemple, qui lui réserve 2,5% de son PIB. Les conséquences de cette politique de précarisation de la recherche scientifique en Algérie sont importantes, pour ne pas dire graves. Le nombre de chercheurs s'est étiolé de manière drastique, passant de 2700 chercheurs en 2005 à 1700 en 2006. Revendications La fuite de ces cerveaux, selon le SG du SNCP, se fait soit vers l'étranger, notamment la France, les pays du Golfe et le Canada, soit vers d'autres secteurs d'activité à la recherche d'une meilleure rémunération et d'autres avantages sociaux. Ainsi, le double défi en face duquel se trouve la recherche scientifique consiste à endiguer l'exode des cerveaux et, en parallèle, doubler l'effectif des chercheurs, qui reste en deçà des besoins du pays. L'Algérie ne compte que 20 centres de recherche, de l'aveu de M. Zoghbi. Pour redonner à la recherche scientifique son lustre, le SNCP a élaboré une plateforme de revendications, dont la question salariale et le statut spécifique du chercheur. Pour la rémunération, le syndicat exige un salaire minimum de 75 000 DA pour un jeune chercheur et de 150 000 DA en fin de carrière. Les chercheurs permanents réclament, également, une part de 1% du PIB au profit de la recherche scientifique et son augmentation à 2% d'ici à 2010. En outre, le SNCP demande un recrutement à hauteur d'au moins 30% par an afin de permettre le doublement de l'effectif des chercheurs d'ici à 2010. Le syndicat réclame, par ailleurs, l'autonomie de la recherche scientifique avec une étroite articulation avec l'enseignement supérieur et les autres secteurs d'activité, appelant à la création d'un ministère plein de la recherche scientifique et du développement technologique. Sur le plan socioprofessionnel, le SNCP demande la promulgation d'un statut spécifique du chercheur ainsi que la prise en charge « sérieuse et réelle » du problème du logement. Les chercheurs déplorent, aussi, la non-application de la loi 98-11 consacrée à la recherche scientifique et élaborée depuis 1998. Les chercheurs n'ont pas manqué de regretter l'absence d'interface entre les labos, les centres de recherche et le monde économique.