44° C, une chaleur suffocante règne sur la ville qui bouge et circule quand même en cette première matinée d'août. Pas un arbre, pas un centimètre d'ombre dans la grande artère de la nouvelle ville d'El Khafdji où se regroupent une cinquantaine de jeunes volontaires recrutés via les réseaux sociaux. Il est 9h passées, Fatima Bendaoud, chef du projet «Tourisme solidaire» annonce une bonne nouvelle. S'investissant au sein du groupe Hope de l'association du Ksar de Ouargla, elle annonce l'ouverture officielle du camp estival Tamekliwtena, qui se tient du 1er au 6 août courant à l'Ecole supérieure des enseignants de Ouargla. A la chaleur suffocante du Sahara, propice au confinement et aux départs en vacances sous des cieux plus cléments , des étudiants et nouveaux diplômés, engagés pour la communauté tiennent à tirer au maximum profit des congés scolaires pour lancer une animation estivale dans le ksar qui abrite un festival culturel aux multiples activités enrichissantes, mais aussi de la mise sur les rails du projet de restauration de la vieille Medina de Ouargla grâce au lancement du four à chaux qui permettra désormais de confectionner des matériaux de construction identiques à ceux ayant permis au ksar millénaire de Ouargla d'exister encore malgré sa dégradation avancée. Il s'agit là d'un sursaut marqué par diverses actions, dont celle de permettre à la jeune génération de découvrir par elle-même différents aspects de la vie ksourienne. Réappropriation Découvrir, échanger, aller à la rencontre de l'autre et mettre en valeur une culture ancestrale, des us et coutumes, un art de vivre, de raconter, de manger et de boire. C'est tout un programme de mise en valeur des attributs touristiques de Ouargla que les jeunes du groupe Hope veulent mettre en œuvre. «Nous sommes là pour redonner un sens à notre culture, en nous la réappropriant nous-mêmes et en nous engageant à notre tour à la faire connaître et la perpétuer». Fatima, 25 ans, est titulaire d'un master en gestion des entreprises, elle rêve de lancer des projets associatifs où la culture aura une place de choix, dit-elle. L'idée semble assez simple : regrouper des jeunes de 16 à 30 ans ayant déposé des candidatures électroniques pour participer à une série d'ateliers sur les arts et métiers locaux, les technologies de l'information et de la communication, le leadership et l'entrepreneuriat et les design, mais aussi le volontariat. Le tout couronné par des sorties à travers les ksour et les palmeraies, des découvertes gustatives de la gastronomie locale, de la musique, de la poésie, de la langue ouarglie. Une démarche qui fera découvrir aux volontaires présents au camp des personnages de la ville, des maîtres-artisans et différents acteurs de la vie sociale du ksar. Mobilisation Ould El Hadj Amine, un binational algéro- mauritanien fraîchement diplômé de l'université de Ouargla en master fondamental, qui se spécialise dans la gestion du contenu digital, participe au camp Tamekliwtena, en présentant le Google Développement Groupe de Ouargla, nouvellement créé dans le but d'améliorer la visibilité médiatique de la ville sur internet via la création de contenus de qualité. Pour Amine, «il s'agit de montrer aux jeunes qu'il est facile et accessible à tous de donner vie à leurs idées médiatiques, de mettre de belles idées au service de la communauté et de faire découvrir Ouargla aux internautes avec des moments virtuels inoubliables, qui donneront envie de venir sur place». Mohamed, manager de qualité venu de Batna pour partager ses connaissances sur le leadership et le design informatique aux participants, voudrait à son tour démontrer que la «culture du partage est partie intégrante de la culture algérienne et que la jeunesse doit se lancer dans le développement social et économique via les opportunités offertes par les associations de la société civile». Les organisateurs des camps qui en sont à leur première étape, s'agissant d'un événement en trois temps, appellent la population de Ouargla à s'impliquer dans cette initiative qui a pris ancrage depuis quatre ans avec l'organisation du Festival Waha Oasis, chaque année, dans l'objectif d'encourager la lecture et le partage de livres, l'intérêt à la formation scientifique mais aussi la préservation du patrimoine matériel et immatériel via l'enrichissement du musée saharien. Après avoir organisé un sit-in silencieux en décembre 2015 pour inciter la société civile à participer aux actions de volontariat, le groupe Hope passe à l'action et compte lancer «Ouarklen 3'Zen N'eghriw», un festival de trois jours programmé du 19 au 21 août avec quatre ateliers à ciel ouvert en plan ksar de Ouargla comptant un Waha show, un Waha Talk, un Waha games et un Waha feedback. Quatre espaces de rencontres et de partage d'idées sous la thématique du tourisme solidaire dans les 14 ksour de Ouargla. La troisième étape se déroulera quant à elle en hiver, avec un second camp de formation des animateurs du tourisme solidaire local.