La vente, bien qu'illégale, de lait cru, beurre et petit-lait chez les crémiers dans la wilaya ne représente qu'une petite partie du produit prohibé, cédé en bordure de route et surtout chez les particuliers. Depuis le 14 juillet, à ce jour, 16 personnes ont été déclarées, à Guelma, positives à la brucellose, une maladie transmissible à l'homme par ingestion de lait cru. «Il s'agit là de 5 familles. La contamination a eu lieu dans les communes de Djeballah Khmissi, El Fedjoudj, Medjez Amar, Bouchegouf et Guelma», déclare à El Watan, M. Seridi, chef de service prévention et chargé de la communication à la direction de la santé de la wilaya de Guelma. Et de conclure: «6 personnes sont encore hospitalisées au service infectieux de l'hôpital Ibn Zohr de Guelma. Nous ne déplorons aucun décès.» En effet, l'alerte à la brucellose est donnée dans la wilaya. Les 16 personnes contaminées prouvent bel et bien que les «campagnes de vaccination successives contre la brucellose du cheptel, bovin essentiellement, comporte de grandes lacunes», tiennent à souligner les professionnels du secteur. Et comment en serait-il autrement quant à la couverture sanitaire du cheptel bovin. D'autre part, c'est l'organisation de la filière lait dans la wilaya de Guelma qui en prend en coup ! Ainsi, force est de constater que c'est l'anarchie dans ce segment de haute consommation, malgré la réglementation en vigueur qui interdit formellement la vente de lait cru et de ses dérivés. L'organisation de la filière dicte clairement que l'éleveur approvisionne en lait cru de vache le transformateur via le collecteur. Le lait cru est pasteurisé par le transformateur, puis conditionné, pour le proposer à la vente sous la forme du sachet ou de la brique que tout le monde connaît. La vente, bien qu'illégale, de lait cru, beurre et petit-lait chez les crémiers dans la wilaya ne représente qu'une petite partie du produit prohibé vendu en bordure de route et surtout dans les domiciles. «Il y a toujours un ou deux bidons de lait et petit- lait devant la porte des maisons. Et les habitués sont vraiment inconscients des dangers qu'ils encourent», tient à préciser un médecin qui a souhaité garder l'anonymat. Et de poursuivre : «Malgré l'antibiothérapie, c'est une maladie tenace qui ne disparaît pas dans sa forme chronique. Douleurs musculaires invalidantes, fièvre, atteintes neurologiques et articulaires. Pire encore, c'est une maladie qui reste au départ silencieuse.» Nous l'aurons compris, et la question s'impose d'elle-même: y a-t-il une réelle volonté des autorités locales de réhabiliter la filière lait dans la wilaya de Guelma et par là même d'éradiquer la vente de lait cru ? A cette question, que des réponses et des actions sans impacts probants. Agissant en brigades mixtes, la DCP (commerce), en collaboration avec la DSA (agriculture) et la DSP (santé), ne réussissent finalement qu'à procéder à des saisies ou des fermetures administratives, chez des crémiers indélicats. Mais en amont, «c'est à la Gendarmerie nationale ou à la police de débusquer les vendeurs sur les routes et dans les domiciles !» Quoi qu'il en soit, c'est aussi et surtout au consommateur averti de boycotter, et pourquoi pas de dénoncer officiellement ces pratiques.