Les inconditionnels du lait cru de vache à Guelma ne se feront jamais à l'idée de consommer du lait en sachet ni même en UHT. «Le goût, l'odeur et la frangipane du lait de vache n'ont pas d'égal sur les étalages, au même titre que le petit-lait, le lait caillé ou le beurre», tel est le commentaire d'une frange importante des consommateurs de lait de vache. Un lait impropre à la consommation, ou du moins «douteux» si l'on se réfère aux exigences dictées par les ministères de la Santé ou celui de l'Agriculture. Des recommandations draconiennes sont imposées quant à l'acheminement du lait à travers une filière composée de l'éleveur, du collecteur et enfin du transformateur. A Guelma, cette chaîne est rompue en amont, sinon comment expliquer les quantités commercialisées chez les crémiers. «Nous recevons quotidiennement des notes du ministère de l'Agriculture concernant la filière lait. Des notes pour encourager les éleveurs à intégrer la filière afin que le lait soit pasteurisé par le transformateur avant la consommation», nous déclarent des vétérinaires chargés de la cellule d'appui à la production à la Chambre de l'agriculture de la wilaya (CAW). «Sur 14525 agriculteurs inscrits à la CAW, 330 sont des éleveurs bovins. La qualité du lait dépend de nombreux facteurs, dont la couverture sanitaire. Le cheptel doit être vacciné, mais parfois les éleveurs refusent la vaccination», affirment-ils. Si on se réfère aux quantités de lait de vache produites dans la wilaya de Guelma, depuis la signature des contrats de performance avec le ministère de tutelle, on constate qu'elles sont en nette hausse. Selon les chiffres rendus publics en mai 2015 par la DSA de Guelma, la production est passée de 1,7 millions de litres de lait produits au titre de la campagne 2009-2010 à 8,4 millions durant la campagne 2013-2014 et probablement autant pour la campagne suivante. Ainsi, combien de millions de litres de lait cru de vache sont commercialisés, annuellement, hors filière à Guelma ? A cette question nous n'aurons que des réponses évasives. Ainsi, des zoonoses (maladies à déclaration obligatoire qui se transmettent des animaux à l'homme), ont été signalées, dont la brucellose a été déclarée chez 12 personnes à Guelma. A souligner que cette maladie est incapacitante car «l'agent pathogène ne disparaît pas complètement de l'organisme, même après traitement», affirment des médecins. Ainsi, en attendant une prise de conscience du consommateur, ce dernier continue à acheter son litre de lait cru à 60 dinars et de déguster du beurre à 450 DA le kilogramme. Quoi qu'il en soit, en plus de la brucellose, d'autres agents peuvent contaminer le lait de vache cru. Il est question de pas moins de trente maladies d'origine virale, rickettsienne, bactérienne, protozoaire et helminthique. Mais sur ce sujet il n'y a point de bilan.