Une première dans le secteur de la pêche, l'Algérie a obtenu l'accord d'engraissement du thon sur son littoral. La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) a accordé sa faveur à la demande algérienne introduite en janvier 2017 pour la mise en place de trois fermes d'engraissement du thon sur le territoire national. Le directeur général de la pêche au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Hamouche Taha, a déclaré à l'APS que des études de faisabilité ont été lancées en vue de propulser cette activité. Cette dernière sera officiellement lancée durant la campagne de la pêche du thon rouge à l'horizon 2018. «Après avoir constaté l'émergence d'un grand marché international en la matière, nous avons décidé de nous lancer dans ce domaine ce qui nous permettra de relever la valeur ajoutée du produit, après engraissement, à 10 fois plus que le prix initial du thon rouge brut», indique le même responsable. Notons que l'engraissement du thon est une activité qui a fait son apparition en Méditerranée, en mer Adriatique et dans le golfe du Mexique depuis les années 1990. Les fermes marines servent à engraisser les jeunes espèces prises dans les filets des thoniers pendant six mois à trois ans afin qu'elles acquièrent la teneur en graisse suffisante pour satisfaire surtout les clients japonais et américains très demandeurs de cette espèce de poisson. Le thon est engraissé pour atteindre 500 jusqu'à 1000% de son poids initial, puis est surgelé et revendu. A son arrivée à la ferme marine, le jeune thon pèse entre 10 et 12 kg et peut atteindre 90 kg après engraissement. La direction de la pêche a déjà lancé des appels aux investisseurs afin de s'engager dans cette nouvelle activité. «Nous avons commencé à contacter les investisseurs dont les dossiers sont inscrits au niveau de la direction», explique Taha Hamouche. Ceci et d'ajouter que «les investisseurs travaillent à repérer les sites de pêche capables d'abriter ces fermes, et ce, conformément aux exigences de la Cicta». Les prétendants à l'exploitation des fermes d'engraissement sont priés d'abord de s'inscrire en tant qu'éleveur auprès de la commission internationale. «Deux investisseurs privés remplissant les conditions matérielles et financières et l'expérience nécessaire ont obtenu l'accord de principe pour la réalisation du projet.» Si toutes les régions du pays sont habilitées pour accueillir cette activité, il reste que la région de l'Est est encore plus propice à la réalisation de ce type de projet, en raison d'une concentration importante du thon rouge dans cette zone géographique durant la période de la pêche ouverte par la Cicta, du 26 mai au 24 juin de chaque année. L'Est algérien est aussi proche «de la zone située entre la Sicile, la Tunisie et la Libye, qui regorge de cette variété de poisson», précise encore le même responsable du ministère. L'Algérie a pêché la totalité de sa part de thon rouge pour l'année 2017, qui était de 1046 tonnes. Cette industrie florissante du thon rouge notamment en Méditerranée est souvent critiquée par les écologistes qui y voient une menace directe sur la survie de l'espèce animale. Les fermes d'engraissement sont pointées d'un doigt accusateur car, contrairement à l'aquaculture, elles ne laissent pas le temps aux jeunes espèces de se reproduire à l'état sauvage et de reformer les effectifs en mer. Des fermes d'élevage sont recensées partout en Méditerranée, notamment en Espagne, en Italie, en Croatie, à Malte, en France, en Turquie et en Tunisie.