Tous les moyens d'un autre âge étaient employés pour faire capoter cette rencontre qui, selon l'impression générale, allait déboucher sur la victoire de l'aile conduite par le président de l'APW, M'hamed Mehenni. Celui-ci et son équipe auraient, selon des sources dignes de foi, obtenu la majorité au nouveau bureau de la mouhafadha. Les cinquante bulletins de vote qui restaient dans l'urne avant le décompte final du vote n'allaient pas, nous dit-on, changer grand-chose au résultat. Le groupe vaincu (le FLN est traversé par deux courants hostiles) a tout fait alors pour empêcher l'opération d'aller à terme. On a commencé par couper l'électricité, vers 18 h, plongeant la salle dans l'obscurité presque totale. Ordre est ensuite donné à l'agent de la sonorisation de quitter les lieux avec son matériel. A ce moment, se produisit le coup de théâtre : le cartable contenant les cachets officiels et les bulletins de vote validés et placés entre les deux superviseurs de la direction nationale du parti, Abdelkader Bounekraf et Mohamed Bouzzara, est subtilisé par un individu ayant fait irruption dans la tribune. Malgré le dispositif sécuritaire déployé autour de la salle, ce dernier a réussi à prendre la fuite et à embarquer à bord d'une voiture qui l'attendait dehors, face au siège de la wilaya. Aux dernières nouvelles, celui-ci a pu être identifié et une plainte a été déposée contre lui au siège du commissariat central par les représentants de Belkhadem. Après la disparition du cartable, des militants en colère se sont précipités vers la tribune et ont pointé un doigt accusateur vers Mohamed Bouzzara qu'ils soupçonnaient d'avoir aidé les organisateurs du « hold-up électoral ». Celui-ci et l'ex-ministre de l'Habitat, dépêchés par la direction du FLN pour superviser l'élection du bureau de la mouhafadha, ont, d'ailleurs, été malmenés par une foule surexcitée et l'ont échappé belle grâce à l'intervention du président de l'APW. Ils ont été conduits au siège de la wilaya pendant que les militants continuaient dehors à échanger les accusations et les … coups de poing ! L'élection est ainsi ajournée et il va falloir attendre la décision de la direction du parti sur la suite réservée à cette mascarade qui reporte de fait les élections primaires pour le Sénat, prévues au début de cette semaine. Pourtant, rien ne présageait une telle issue car l'opération électorale, qui a débuté vers 9h, s'est poursuivie normalement jusqu'à 17h, où la lecture du dépouillement des bulletins commençait à livrer ses résultats en faveur du P/APW et ses partisans.