Depuis le début de l'année 2017, environ 800 immigrés sans document en règle, se déclarant «Algériens», sont arrivés sur les plages méridionales de la Sardaigne, selon les statistiques de la police italienne, contre 1106 l'année passée. Dans la seule nuit du 5 août dernier, 46 harraga ont réussi à fouler le sol des côtes sardes, principalement les plages de la région du Sulcis. Un nombre qui demeure toutefois infime (moins de 1%) par rapport aux 98 000 réfugiés de diverses nationalités qui ont débarqué sur le littoral italien depuis janvier 2017. Dans une note rendue publique par la région de Sardaigne et adressée au ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, le premier responsable de l'île use de vocables alarmants : «Un lourd impact sur le fonctionnement de toutes les structures d'accueil, capable de provoquer une importante alarme sociale parmi la population. Alarme en partie justifiée par le fait que les quelques épisodes de criminalité commis par des immigrés concernent essentiellement des Algériens venus directement de leur pays.» Sans fournir des données factuelles qui soutiendraient une si grave affirmation, le président de la région sarde pousse le bouchon jusqu'à demander à son gouvernement d'œuvrer pour un «fort et constant accord entre l'Italie et l'Algérie» pour «interrompre ce trafic». Il faut dire que les deux seuls pays nord-africains (Tunisie et Libye), qui ont signé un accord pour bloquer les flux migratoires en partance de leurs côtes, l'ont fait pour deux motifs : d'abord parce que le nombre de réfugiés en provenance de leurs terres est nettement supérieur à celui qui part de Annaba, mais surtout, motif principal, pour pouvoir glaner des avantages matériels et des aides économiques substantielles. L'Algérie, ayant toujours affronté ce phénomène avec ses propres moyens et sans jamais rien quémander aux Européens, ne se sent pas obligée de sceller un tel accord, surtout que les autorités algériennes ont toujours répondu avec célérité et efficacité à toute demande de rapatriement de citoyens dont la nationalité algérienne a été avérée. De plus, le contrôle des gardes-côtes algériens est vigilant et constant, sans oublier que la législation algérienne prévoit jusqu'à 5 ans de prison pour les harraga pris en tentant de traverser la Méditerranée dans des embarcations de fortune et des procès sont régulièrement tenus dans les tribunaux algériens pour juger les accusés de ce délit.