Durant les deux jours de l'Aïd, les atteintes à l'environnement et à la salubrité publique se sont multipliées avec le spectacle désolant des déchets du contenu des viscères de moutons, des résidus de foin et autres aliments. L'entreprise de nettoyage Madinet en collaboration avec l'APC de Boumerdès a organisé une collecte de toisons en appelant la population à déposer dans un sachet la peau de mouton à des heures précises afin de procéder à leur revente pour recyclage. Mais ces consignes n'ont été respectées que par une partie de la population. Les sachets débordant d'un trop-plein, mais aussi des toisons sont jetés dans les espaces des cités, sur les trottoirs et dans les rues, à même les caniveaux. Cet état de fait dure souvent plusieurs jours, donnant l'occasion aux bêtes errantes de se rassasier et de se multiplier en accroissant les risques de maladies. Pourtant, une pareille situation désespérante pourrait être évitée, au moins en partie, par la récupération des toisons. Car, martèlent des retraités, «avant, les toisons étaient séchées et utilisées dans les foyers pendant les journées de froid hivernal ou simplement comme tapis». Certes, avec l'amélioration de leur niveau de vie, les Algériens ont abandonné cette coutume, mais «une adaptation à notre époque est possible», avance cet artisan. Il rapporte le cas de cet entrepreneur de Souk El Had, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Boumerdès, qui récupérait les toisons, en tannait la peau et transformait l'étoffe pour des besoins textiles. Malheureusement, la menace terroriste de la décennie noire l'a fait fuir. Depuis, l'usine demeure fermée. Pourquoi ne pas la rouvrir sous une formule ou une autre ? En sus d'éviter le spectacle de toisons pourrissant au soleil avec les dangers pour la santé, cette option possède des atouts économiques certains. En effet, un petit investissement serait créateur de richesse et d'emplois dans une région agricole dépourvue d'industrie manufacturière en dépit de son potentiel. Puisqu'il s'agit d'une question d'hygiène publique, les collectivités locales pourraient fixer des points de dépôt des toisons, où les citoyens seraient invités à apporter les peaux après l'accomplissement du rite sacrificiel. A l'entreprise de les collecter dans des délais brefs. Pourtant, il existe des expériences de recyclage des toisons en Algérie. Toutefois, elles demeurent isolées ; les quelques initiatives particulières doivent être encouragées et les entreprises qui ont dû arrêter cette activité peuvent à nouveau apporter leur savoir-faire. Il y a lieu de s'en inspirer et de les élargir. En fait, «rien ne se perd, tout se recycle».