Plus de 3 millions de moutons ont été sacrifiés à l'occasion de l'Aïd El Adha. La quantité de peaux de bête suffira à faire fonctionner les tanneries algériennes. Cette matière première demeure un filon qu'il faut savoir exploiter en organisant l'abattage et la récupération des toisons. Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération nationale de la filière textile affiliée à l'UGTA, ne cesse de réaffirmer la nécessité d'« organiser l'abattage et le dépeçage pour récupérer les peaux de mouton et relancer la filière cuir ». Exploitation frauduleuse « Cette désorganisation porte un préjudice aux tanneurs algériens. Elle met en péril de nombreuses unités de transformation et menace les emplois », nous a-t-il confié. « 17 entreprises privées et 5 tanneries publiques sont en difficulté, faute de disponibilité de matière première », a-t-il ajouté. Cela se produit au moment où des milliers de peaux de mouton sont abîmées ou sont carrément jetées. « Nous demandons aux pouvoirs publics d'organiser cette opération par la création d'abattoirs où des professionnels peuvent activer et récupérer les peaux de mouton sans les abîmer », souligne notre interlocuteur. Takdjout est catégorique : « Cette désorganisation a favorisé l'émergence de l'exploitation frauduleuse de ces peaux. Les tanneries tournent aux trois quarts de leurs capacités. Cela est dommageable pour l'économie nationale. » Les peaux de mouton qui résultent de cet abattage à grande échelle à l'occasion de l'Aïd constituent une manne non négligeable de matière première pour les tanneries. Leur récupération permettra, selon Amar Takdjout, « de créer des PME pour la collecte en jonction avec les grands transformateurs publics et privés ». Selon Takdjout, on peut même exporter du cuir. Les peaux et cuirs algériens sont parmi les plus demandés pour la qualité de la coupe et leur solidité. L'absence d'une organisation en amont de notre cheptel, revendiquée par Takdjout depuis plus de 4 ans, a ouvert l'appétit aux contrebandiers. Au lendemain de l'Aïd, des camions sillonnent les quartiers en quête de toisons revendues entre 400 et 500 DA la pièce.