Quel est le rapport entre une commune et une famille ? La première constitue la cellule de base de l'édifice institutionnel, la brique élémentaire de la collectivité. Elle est le segment qui relie le citoyen à l'Etat, l'individu à l'ensemble et la construction à brûler en premier quand il y a contestation. La seconde constitue la cellule de base de l'édifice social, la molécule primordiale autour de laquelle s'articule la communauté et qui n'a rien à voir avec les « salons réservés aux familles », qui, eux, accueillent tout le monde à l'exception justement des familles normalement constituées. Pour la commune, c'est le maire qui en est le chef, comme le père est le patron de la famille. En Algérie, les édifices sociaux et institutionnels ont été si mal construits que personne n'assume ses responsabilités, fuyant l'évidence en diluant l'accusation dans le général. S'il y a des problèmes de ramassage d'ordures et de routes défoncées, c'est toujours la faute du citoyen qui manque de civisme et est porteur de corruptibilité mais jamais la faute de la commune, qui, elle, fait ce qu'elle peut avec l'argent de la collectivité. Pour la cellule familiale, c'est le même principe ; s'il y a des problèmes, des séismes et du chômage, c'est par lâcheté la faute du reste de la cellule, à commencer par les filles et la femme, les hommes n'étant dans ce cadre que des impuissantes victimes. De ces remarques parallèles, on peut en conclure que les révisions du code de la famille et celui de la commune sont d'une urgence inévitable. Donner plus de pouvoir aux restes des cellules offrira enfin aux maires et aux hommes de véritables raisons de pleurer sur leur sort. Une étrangère en visite en Algérie avait fait cette remarque : « Ici c'est un peu meskin meskin. » Tout le monde se plaint. Pour les hommes et les maires, on se demande pourquoi puisqu'ils ont tous les pouvoirs.