La rentrée scolaire ne s'est pas déroulée dans la sérénité dans la wilaya de Boumerdès. La surcharge des classes et le manque d'encadrement ont provoqué des tensions et des mouvements de grève dans de nombreux établissements. Des syndicalistes du Cnapeste font état de 96 écoles primaires qui n'ont pas de directeur. Ce problème est constaté aussi dans le cycle secondaire, où un tiers des lycées fonctionne sans proviseur. Pour faire face au déficit d'encadrement, l'administration a eu recours au jumelage de nombreux établissements. Une décision qui n'a pas manqué de provoquer l'ire des élèves, comme au CEM Rebahi de Hammadi, qui était divisé en deux l'année dernière. Au lycée Ghentas de Béni Amrane, les élèves ont observé un mouvement de grève pour réclamer le départ de la directrice, à laquelle ils reprochent «la mauvaise gestion». Idem au lycée de Kendil de Boudouaou, où les élèves ont refusé de rejoindre les classes au 2e jour de la rentrée, pour exiger le changement du proviseur. A Afir, l'accès au lycée a été bloqué jeudi dernier par quelques parents, qui exigent la réintégration de leurs enfants exclus après leur échec et qui ne peuvent pas passer au palier supérieur. Le chargé de la communication du bureau local du Cnapeste, Moula Si Youcef, explique le déficit en encadrement par le manque d'engouement des candidats au concours de recrutement des proviseurs. «Les méthodes de recrutement doivent être changées. Notre syndicat compte plus de 5000 adhérents. On est présents dans tous les établissements de la wilaya, mais on n'a jamais été associés aux prises de décision. Et même dans le choix des sites où on doit réaliser de nouvelles écoles, on n'a pas été consultés pour donner notre avis», s'indigne-t-il. Un autre syndicaliste affirme que même les livres scolaires sont indisponibles, ajoutant que les 35 000 trousseaux scolaires destinés aux nécessiteux ne sont pas encore distribués dans de nombreuses écoles. L'autre problème qui accentue la tension dans le secteur est l'anarchie dans l'orientation. Dans la commune de Zemmouri, 80% des collégiens ayant réussi au BEM ont été orientés vers le nouveau lycée. Cet établissement compte 6 classes roulantes, tandis qu'au lycée Tala Maâli, les salles sont presque vides, a-t-on signalé. La surcharge des classes est constatée même dans le cycle moyen. Ce palier connaît un déficit de plus de 19 établissements à travers la wilaya. Que cela soit à Isser, Boudouaou El Bahri, Hammadi ou Khemis El Khechna, des centaines d'élèves sont ballottés d'un CEM à un autre en raison de la surcharge des classes. Le cycle primaire, lui, connaît un déficit de 420 salles de classes, dont 160 dans la daïra de Khemis El Khechna, 110 à Boudouaou, 60 à Bordj Menaïel, 30 à Isser, pour ne citer que ces localités. La tension est plus perceptible, comme attendu dans les sites ayant accueilli de nouvelles cités d'habitation. A titre d'exemple, l'école Ali Boudhar, se trouvant au chef-lieu de Si Mustapha, tourne avec 35 classes de plus 45 élèves. «Du jamais-vu dans le secteur», estime un enseignant. Certains projets de nouveaux établissements inscrits pour éviter une telle situation ont connu d'énormes retards dans la réalisation en raison du manque de crédits. Alors que d'autres, une soixantaine, précise-t-on, ont été gelés, malgré la réalisation des études techniques et la désignation des terrains devant les abriter.