Le verbe aiguisé et la plume trempée dans du vinaigre blanc, le polémiste le plus productif du moment vient d'être doublement interpellé par l'armée et le RND Seddik Chihab, rentier du régime, ayant demandé à ce que Noureddine Boukrouh soit traduit en justice. Mais qu'a pu dire cet ancien ministre de Bouteflika qui choque les partisans de Bouteflika ? A l'encontre de la première, il a rappelé que ce sont les généraux, qui ne sont pas tous importateurs, qui ont importé Abdelaziz Bouteflika à la Présidence. Pour le second, que ce même Président est décidé à rester Président jusqu'à sa mort. Jusqu'à preuve du contraire, les deux affirmations sont vraies, mais la facilité avec laquelle on met des gens en prison devrait sérieusement inquiéter Noureddine Boukrouh, car à l'inverse, si les partisans du régime ne se gênent pas pour insulter l'opposition, ils ne sont pas justiciables. En réalité, ce qui a dû irriter Gaïd Salah, c'est cette affirmation sur l'ANP, «devenue l'armée de Bouteflika», selon Boukrouh. Effectivement, quand on est chef d'état-major à 77 ans, il est difficile d'admettre que l'armée est au service d'un Président, même si c'est ce même Président qui a nommé son chef et compte bien le garder pour les combats de tranchées à venir. L'autre affirmation qui a dû énerver Seddik Chihab est à propos de la destitution du Président pour maladie, ce qui correspond pourtant à un article contenu dans la Consti-tution, ce qui est donc parfaitement légal. Alors, où est le problème ? Gaïd Salah n'est pas RND et si l'ANP est très utile, on se demande encore à quoi sert le RND. Ces polémiques font-elles avancer le débat ? Comme tout Méditerranéen, l'Algérien aime parler et Boukrouh, en tant qu'ex-ministre du Commerce sous le gouverne-ment de Ouyahia, aime bien vendre sa marchandise. Cela n'ira pas plus loin, car le Président a décidé de poursuivre le programme du Président, approuvé par le Président et par tout le monde. Tout va bien donc. Comme dit l'adage : «La langue n'a pas d'os».