Les propos tenus par le fondateur du Parti du Renouveau Algérien, PRA, et ex-ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, à propos de l'Armée nationale populaire (ANP) sont dénoncés par l'institution militaire pour ses intentions pas très favorables à la paix en Algérie, chèrement arrachée. Contactée par nos soins, une source autorisée du ministère de la Défense nationale, MDN, affirme que l'armée est respectueuse de l'ordre constitutionnel et qu'elle ne saurait dévier de ses missions régaliennes. A ce titre, le commandement de l'ANP est sous l'autorité du président de la République en sa qualité de Chef suprême des armées. La source s'est étonnée des propos «graves» de Noureddine Boukrouh, qui appelle clairement l'armée à perpétrer un coup d'Etat. Comportement énigmatique pour un politicien qui se targue d'être démocrate et respectueux de l'ordre républicain. Notre source réitère le message du Chef d'état major de l'ANP, le général de corps d'armée Gaïd Salah, depuis Constantine, à savoir que l'institution militaire est plus que jamais attachée à son caractère républicain. Comprendre le rejet de la logique du coup d'Etat. La riposte du MDN à Noureddine Boukrouh ne prête pas à équivoque, et consacre le refus d'accéder à une manœuvre dont le but est de jeter un pavé dans la marre, avec le choix du moment, puisque M Boukrouh a cru intelligent de tenir les propos appelant à l'insurrection militaire quelques jours après la constitution d'un nouveau gouvernement et les interrogations, justifiées ou non, sur le remplacement d'Abdelmadjid Tebboune. Le fondateur du PRA tenterait d'investir dans une conjoncture caractérisée par certaines rumeurs concernant le départ de Tebboune pour tenter d'instaurer l'instabilité dans le pays. «Dans la réalité, l'Armée algérienne est devenue sous la chefferie du général Gaïd Salah l'armée du Président, lequel président et ministre de la Défense nationale a changé la Constitution plusieurs fois durant ses quatre mandats pour en faire un habit sur-mesure, un justaucorps qui lui colle à la peau comme l'habit porté par certains artistes ou sportifs», écrit Boukrouh dans une nouvelle contribution. «Le désordre constitutionnalisé et le despotisme institutionnalisé actuels se cachent derrière la «légalité» et le «républicanisme» de l'Armée pour empêcher le peuple d'exercer sa souveraineté et de conquérir sa citoyenneté». Et de poursuivre : «Voilà dans quels termes se pose le problème de l'Algérie depuis le 5 juillet 1962», d'après Noureddine Boukrouh. Depuis son exil doré, le disciple de Malek Bennabi dit que nous ne sommes plus un Etat. Propos qu'il ne tenait pas lorsqu'il était ministre, occupé à appeler à l'amnistié fiscale, au moment où le pays avait besoin d'argent pour la relance de l'économie et ne pas permettre aux terroristes de tenter la radicalisation du peuple. C'est depuis qu'il a quitté son poste de ministre que Boukrouh choisit pour principale occupation le dénigrement de l'Algérie hors du pays. On ne réclame pas le devoir de réserve à l'ex ministre, c'est peut-être trop lui exiger, mais l'intérêt qu'il dit exprimer à l'Algérie aurait été illustré par le respect à la souveraineté de ce pays, et qui consisterait à ne pas attenter à l'image de l'Algérie à partir d'un autre pays. Noureddine Boukrouh aurait pu tenter de gagner un peu de crédibilité en proposant ses idées, même hostiles, mais pacifiquement, et en Algérie.