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Alger chante pour Fairouz
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Publié dans El Watan le 15 - 09 - 2017

Une soirée a été organisée à l'Opéra d'Alger Boualem Bessaieh en hommage à la grande chanteuse Fairouz, consacrée «Symbole de la culture arabe 2017», après soixante ans de carrière. «L'ambassadrice des rêves» a chanté pour l'Algérie dans des moments difficiles. Alger chante pour elle.
Les fans de Fairouz rêvent que la diva libanaise vienne animer un concert en Algérie ne serait-ce qu'une seule fois. Mais, l'interprète de Kifek inta (Comment tu vas) n'anime presque plus de soirées compte tenu de son âge (82 ans). Samedi 9 septembre 2017, une soirée a été organisée à l'Opéra d'Alger Boualem Bessaieh en hommage à la chanteuse, consacrée, par une décision des ministres arabes de la Culture, réunis à Tunis en décembre 2016, comme «un symbole de la culture arabe 2017».
L'Office national de la culture de la culture (ONCI), qui a organisé l'événement, a fait appel à des jeunes chanteuses qui ont émergé lors du concours télévision, «Alhan Oua Chabab», comme Farida Reguiba, Amel Sekkak et Lamia Batouche. Souad Bouali et Selma Kouiret ont été les stars invitées de la soirée.
Les deux artistes marquent un retour remarquable sur scène. Souad Bouali a interprété deux chansons parmi les plus belles et les plus «sophistiquées» de la «Voix angélique» : âatini naya oua ghani (Donne-moi la flûte et chante !) et Habytek bi saif (Je t'ai aimé un certain été).
«Le secret de l'existence»
«Fairouz est plus qu'une diva. J'écoutais ses chansons encore petite. Je n'ai jamais cessé de l'écouter. Je suis grandement honorée de participer à cette soirée en hommage à l'artiste. Difficile d'interpréter des chansons éternelles comme Aâtini naya oua ghani qui évoque ‘‘le secret de l'existence''», nous a déclaré Souad Bouali, surnommée par ses fans «la Fairouz algérienne».
Selma Kouiret, nièce du grand comédien Sid Ali Kouiret, a fait sensation en interprétant le célèbre titre patriotique Bhibek ya Loubnan (Je t'aime ô Liban) avant d'enchaîner avec la légère Bint chalabia, une balade orientale. «Fairouz fait partie des grandes chanteuses arabes. J'adore toutes ses chansons. Pour moi, c'est plus qu'un symbole», a confié Selma Kouiret.
Révélée par le trio Mediterranéo (aux côtés de Mohamed Rouane), il y a quelques années, Selma Kouiret a marqué un arrêt dans sa carrière musicale. «Mais là, attendez-moi, je reviens bientôt. Je prépare un album avec un single», a-t-elle annoncé lors d'une brève rencontre dans les coulisses de l'Opéra d'Alger. La jeune Lamia Batouche a, pour sa part, interprété Saalouni naas anek ya habibi (Des gens ont demandé de tes nouvelles) accompagnée par l'orchestre de Kamel Mâati.
Elle a été applaudie par le public d'une manière plus intense en reprenant le célèbre Nassim alyna el hawa (Une brise est passée sur nous), devenu un titre symbole de l'héritage musical moyen-oriental. «Fairouz est pour moi une école, un sommet dans l'interprétation et le chant», a relevé Lamia Batouche, une voix algérienne qui promet.
«La voisine de la Lune»
«Fairouz est une diva. C'est la voisine de la lune, (jarat el qamar). Je ne vous le cache pas, c'est mon idole. Je marche sur ses pas depuis que j'ai commencé dans le chant. Participer à ce concert hommage est une chance en or pour moi. Sincèrement, je ne m'attendais pas à chanter sur la scène de l'opéra d'Alger», a déclaré, pour sa part, Farida Reguiba, venue d'Oran. «J'ai appris de Fairouz qu'il faut être droite et sereine sur scène. Quand elle est debout en chantant, elle force le respect de tout le monde.
Elle ne bouge pas beaucoup, mais elle communique de l'énergie et de l'émotion», a-t-elle ajouté. Farida Reguiba a chanté les romantiques Bktob ismek ya habibi (J'écris ton nom, ô mon amour) et Raji'ine ya hawa (Nous allons revenir ô amour). Signées par les frères Assi et Mansour Rahabani, paroles et composition, ces deux chansons ont traversé les âges, «transpercé» les cœurs, transmis des messages tendres avant de s'écrire en lettres de diamant sur le tableau vaste et riche de la culture musicale et lyrique arabe.
Les frères Rahabani (décédés en 1986 et en 2009) ont marqué l'histoire de la musique libanaise et arabe par des centaines de chansons, des comédies musicales, des opéras et des films (Le retour de Hamidou ; Le vendeur de bagues ; Les nuits de l'Orient, etc). Ils ont accompagné Fairouz sur toutes les scènes du monde pendant plus de cinquante ans. Faïrouz où Nihad Rizk Haddad est montée, pour la première fois sur scène, à Bâalabak en 1957 pour ne jamais s'arrêter de chanter y compris durant la guerre civile libanaise (1975-1990). «Beaucoup d'Algériens ignorent que Fairouz a chanté pour l'Algérie durant la guerre de Libération nationale.
D'où cette belle initiative d'organiser un concert d'hommage. Nous ne devons pas oublier ceux qui nous ont aidés durant notre combat pour la liberté. Nous devons remercier d'autres artistes arabes comme Charifa Fadhel, Karam Mahmoud, les frères Rahabani… Ce que je sais, c'est que Fairouz aime l'Algérie, contrairement à ce que certains pensent», a rassuré Kamel Mâati.
«Lettre à Djamila»
Rissala ila Djamila (Lettre à Djamila) est une chanson de Fairouz dédiée à Djamila Bouhired, la militante nationaliste algérienne. «Lettre à toi mon amie Djamila. Là où tu es en prison où on te torture, je te salue de mon village. Derrière ma maison, un amandier, une lune verte et une vague de sable qui te salue toi Djamila, la belle rose d'Algérie», a chanté Fairouz en 1958.
«Fairouz est un pyramide dans le monde arabe, comme le sont Oum Keltoum, Mohamed Abdelwahab et El Hadj M'hamed El Anka», a souligné Kamel Mâati évoquant «le répertoire universel» des Rahabani. Il a rappelé que la Ligue arabe a demandé à tous les pays membres de rendre hommage chaque année à Fairouz de son vivant. Fairouz a produit une soixantaine d'albums et interprété plus de 700 chansons (dont une trentaine relevant du chant patriotique et engagé).
Elle a également interprété des rôles dans des films (dans les années 1960), dans des comédies musicales… «Les ministres arabes de la Culture ont décidé de choisir chaque année des symboles de la culture pour les célébrer et leur rendre hommage. La place de Fairouz dans le cœur des Arabes est très grande. Nous avons voulu lui rendre hommage par des voix algériennes. C'est un bouquet de roses que nous lui offrons», a déclaré Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, après le concert.
Selon lui, Fairouz se déplace de moins en moins à l'étranger. «Donc, il sera difficile de la faire venir en Algérie pour un concert. Elle reste attachée à Beyrouth. Fairouz est une artiste internationale. Elle reste une îcone de la musique et la chanson arabes», a-t-il souligné. Une îcone, oui. Fairouz est également «la poétesse de la voix» et «la guitare du ciel» pour tous ceux qui l'aiment…


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