La Cinémathèque québéquoise abritera cet événement cinématographique, qui sera organisé par l'association Assirem, en collaboration avec plusieurs partenaires, dont notamment le Festival international du film oriental de Genève et le Festival du film amazigh de la Moselle. Au programme, qui s'étalera de 13h à16h, figurent des projections et des débats avec les réalisateurs. Les amoureux du septième art auront droit à un contenu très diversifié du cinéma d'expression amazighe. Parmi les projections, on note Salah, un Kabyle de Palestine et Yidir, deux courts métrages respectivement de 26mn et 15mn, réalisés par Tahar Houchi. Le premier film documentaire est un portrait poignant de Salah, dont la famille d'origine kabyle s'est réfugiée en Palestine après avoir fui, juste après 1871, la répression par l'armée d'occupation française de la révolte de la Kabylie conduite par El Mokrani. Contraint d'abandonner son village en Palestine en 1948, Salah vit depuis dans un camp de réfugiés palestiniens au Liban. Malgré ses souffrances, il garde l'espoir d'être reconnu comme citoyen en Algérie, la terre de ses ancêtres. Au menu, figurent aussi Regards, un court métrage de 26 mn de Noureddine Kebaïli, et Rose Hallal, de Ali Reggane. Mahassine El Hachadi propose Carte postale, une fiction qui traite d'un sujet sociétal tabou qui est le mariage précoce des fillettes, à travers l'histoire d'Amina, une adolescente de 12 ans qui vit dans un petit village du Haut Atlas marocain, où la tradition permet de marier les jeunes filles dès leur puberté. Dwagi Id Asirem, de Rida Amrani, est une fiction qui sera également projetée. Le film est un hommage au rôle capital que la femme kabyle a joué dans le processus de sauvegarde de l'identité amazighe. «Pendant très longtemps, la préservation de l'identité amazighe a été l'apanage de l'oralité et de la mémoire. Ainsi l'histoire des Imazighen a été écrite par l'autre. Conscient de l'urgence de se représenter soi-même, des intellectuels, comme Saïd Boulifa et Mouloud Mammeri, sont très vite passés à l'écrit. Aujourd'hui, à l'ère de l'image, nombreux sont les réalisateurs amazighs qui se lancent dans l'entreprise de l'autoreprésentation, souvent sans aide et sans espace de promotion, qui restent soumis aux idéologies officielles. A la lumière de cela, on mesure aussi bien l'importance d'un Festival du film amazigh indépendant à Montréal que le courage de l'équipe qui se lance dans ce combat, sans soutiens», affirme Tahar Houchi, directeur artistique. «Ce festival voit le jour dans une ville qui promeut la diversité et les particularismes identitaires. Il s'adresse à un public transnational. Ouvert au monde, il offre des images fraîches et authentiques s'inscrivant aux antipodes des terribles violences et des amalgames dominants qu'il rejette et condamne sans réserve. Cette première édition, dédiée aux victimes du terrorisme dans le monde, célèbre la femme et l'exil, oppose la beauté à la barbarie et le dialogue au chaos. Nous souhaitons que cela puisse provoquer un débat fructueux, éclairer les esprits, libérer des émotions et adoucir les nostalgies», poursuit-il. «Ce festival est un espace de promotion et d'encouragement», soutient de son côté le célèbre comédien algérien, Faouzi Saïchi, qui parraine cette première édition. «Mon parrainage s'inscrit dans le sillage d'une conviction et d'une volonté d'aider le jeune cinéma amazigh à s'affirmer dans les capitales du monde. Je suis sensibilisé à notre identité depuis mon jeune âge. J'ai également participé à plusieurs festivals amazighs aussi bien au Maroc qu'en Algérie», poursuit ce comédien qui a 43 ans de carrière et qui a déjà décroché, en 1982, le Prix de l'interprétation masculine, au Festival de Carthage, en Tunisie, pour le film Un toit, une famille, de Rabah Laradj.