Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a défendu la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, contre ses détracteurs. Lors de son intervention devant les députés, Ouyahia a qualifié d'«inquisition» les attaques dont a fait l'objet la ministre suite à la disparition de la «besmala» des manuels scolaires du cycle primaire. Tout en s'indignant que les attaques mettent en doute la foi de la concernée, Ouyahia affirme que ce comportement n'a pas cours dans d'autres pays musulmans, mais renvoie à un langage en vogue lors de la période du terrorisme. «Excusez-moi de vous dire que certaines attaques touchent à la foi de la ministre. L'inquisition n'existe même pas dans le monde musulman. Séparer les gens entre croyant et ‘taghout'' (tyran) (a été) lancé par le terrorisme. J'aimerais considérer cela comme un lapsus», s'étonne-t-il. Ouyahia rappelle sur un ton grave sa réplique sèche à un député d'une ancienne législature qui a estimé que le gouvernement «n'est pas ‘‘musulman''. Je lui ai répondu par : ‘‘La Illah illa Allah, Mohamed Rassoul Allah'' (profession de foi, ndlr). Peut-être nous accep-teriez-vous dans l'islam !», a-t-il lancé au député indélicat. Pour le chef de l'Exécutif, les détracteurs de sa collègue devraient se préoccuper des problèmes plus sérieux dans le secteur de l'éducation. «Ce n'est pas la ‘‘besmala'' qui est l'affaire principale… Elle est principale pour les politiciens. Ma conviction est qu'aujourd'hui les soucis des citoyens et citoyennes sont la qualité de l'enseignement dispensé à leurs enfants et la réponse aux insuffisances qui existent toujours dans le système éducatif», estime-t-il, en faisant remarquer que la suppression de la «Besmala» est une «erreur d'impression».Mme Benghabrit a réagi aux attaques en affirmant que la suppression de la formule est du ressort des concepteurs et des imprimeurs et non de son département. Après les discussions ineptes sur les origines familiales de la ministre et sa décision de privilégier la darija (langue dialectale), l'ancienne directrice du Crasc continue de faire face à une partie des conservateurs dans son ministère et dans des organisations d'obédience religieuse. Pour la rentrée 2017-2018, les preux inquisiteurs justifient leurs attaques par la suppression de la «besmala» des manuels scolaires et l'instruction qui aurait été prise d'interdire le voile à l'école. Toujours sur la brèche pour défendre les «valeurs menacées» de la nation, l'Association des Oulémas musulmans, des militants islamistes, des membres d'associations et des «daï» (prêcheurs) occasionnels ont dénoncé par des communiqués ou des posts sur les réseaux sociaux des décisions qui veulent imposer «une école laïque» et des «valeurs étrangères à la société algérienne»… En fin de semaine dernière, Mme Benghabrit, qui ne s'avoue pas vaincue, affirme que ses détracteurs la critiquent parce qu'elle veut promouvoir la culture algérienne.