Près de 3 millions de Kurdes irakiens ont commencé depuis ce matin à voter pour dire si oui ou non ils sont d'accord avec le projet d'indépendance de leur région. Les corps armés et constitués ont déjà commencé à voter samedi et dimanche. Les résultats ne sont pas attendus avant quelques jours. La pression monte au Kurdistan irakien. Durant le week-end, le président Massoud Barzani, dont le mandat a pris fin en 2015, a animé de nombreux meetings populaires dans les trois provinces kurdes (Erbil, Souleimania et Dohuk). Il a dénoncé les pressions que les pays limitrophes et la communauté internationale ont exercées sur lui pour qu'il annule le référendum ou le reporter à une date indéterminée. Mais le leader kurde n'a écouté personne. Il a déclaré que «la décision d'annuler ou de reporter le vote n'est plus entre ses mains, mais désormais entre les mains du peuple kurde d'Irak». Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises dans les trois grandes provinces. Des check-points ont été renforcés au niveau de la capitale Erbil et à proximité des consulats et des bâtiments publics. L'aéroport international d'Erbil a été placé en état d'alerte maximale et le contrôle des passagers arrivant notamment de Baghdad a été renforcé. Les troupes de Peshmergas (armée kurde) se sont positionnées au niveau des principaux carrefours de la capitale ainsi que devant certains bureaux de vote. L'objectif étant de faire face à une éventuelle attaque terroriste de l'Etat islamique (EI) ou parer à tout conflit qui pourrait se déclarer entre tribus arabes et kurdes, notamment dans la ville disputée de Kirkouk. Les chancelleries occidentales ont instruit leurs citoyens de minimiser leurs mouvements jusqu'après le scrutin. L'ambassade américaine à Baghdad a demandé à ses ressortissants «d'éviter de se déplacer entre les villes et les régions disputées et de demeurer, si possible, chez eux jusqu'à la fin du vote». D'autres ambassades occidentales ont également appelé leurs citoyens à «faire attention et éviter les attroupements et autres endroits populaires qui sont susceptibles d'être attaqués par l'EI ou un autre groupe terroriste». Aucun scénario pour l'après-référendum Pour les Kurdes, ce lundi de vote est un jour historique et attendu depuis des années. M'hamed, un informaticien kurde en visite à Amman, estime que «le référendum est un acquis de haute lutte, néanmoins il ne suffira pas à lui seul, car il faut savoir ce qui va se passer après». Ce jeune Kurde se pose beaucoup de questions : «Qu'est-ce qui va se passer après le lundi 25 septembre ? Comment le Kurdistan va déclarer son indépendance, alors qu'aucun pays n'est favorable pour cette solution ? Est-ce qu'il est seulement suffisant de déclarer son indépendance pour l'être vraiment ? Comment vont réagir les pays voisins, notamment la Turquie ? Quel est le plan d'après de Barzani et du gouvernement kurde ?» Des interrogations auxquelles le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) n'ont, pour le moment, apporté aucune réponse. Ce qui met définitivement le Kurdistan sur une poudrière prête à exploser à tout moment.