La proposition du patron du PDK, Mahmoud Barazani, traduit le sentiment partagé sans doute par les Etats-Unis.Les Kurdes revendiquent de vastes portions de territoire hors de leurs frontières administratives actuelles. Le président de la région autonome du Kurdistan irakien,Massoud Barazani, a revendiqué hier lors du congrès de son parti le droit à l'autodétermination pour les Kurdes, ce qui pourrait être un prélude à une scission de l'Irak. «Nous allons soumettre aujourd'hui la question de l'autodétermination aux personnes participant à ce congrès, car nous considérons que nous avons droit à l'autodétermination», a-t-il déclaré lors d'un discours au début du 13e congrès du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dont il est le chef. C'est la première fois que le dirigeant kurde propose en des termes aussi clairs à son parti de se prononcer sur une possible indépendance du Kurdistan irakien, qui bénéficie depuis une vingtaine d'années d'une large autonomie vis-à-vis du gouvernement central de Baghdad. Le congrès du PDK s'est ouvert en présence notamment du président irakien, Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), du Premier ministre désigné, Nouri al-Maliki, et d'Iyad Allawi, chef de file d'Iraqiya, liste laïque soutenue par une majorité de sunnites et qui a obtenu le plus de sièges au Parlement de Baghdad lors des dernières législatives. Les 1300 membres du PDK seront appelés à voter sur la question de l'autodétermination, a indiqué une source au sein du parti, sans préciser quand ce scrutin aurait lieu. Le PDK constitue la principale force politique du Kurdistan, et la coalition qu'il forme avec l'UPK est majoritaire au Parlement régional depuis les élections de 2009. Le parti doit en outre se doter de nouvelles instances dirigeantes, composées d'une cinquantaine de membres. Le PDK est l'une des composantes de la coalition au pouvoir en Irak. Et M. Barzani vient de jouer un rôle crucial pour dénouer la crise politique dans laquelle l'Irak s'est enfoncé après les élections du 7 mars. C'est en effet lui qui est parvenu à arracher le mois dernier aux dirigeants des principales formations irakiennes un accord de partage de pouvoir, qui a ouvert la voie à l'attribution des plus hautes charges du pays, après huit mois d'impasse. M. Maliki a encore 15 jours pour former son prochain gouvernement. Le plan américain ? Après une première forme d'autonomie obtenue dans les années 1970, le Kurdistan, qui rassemble trois provinces du nord de l'Irak (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh), s'est véritablement émancipé de la tutelle de Baghdad après la guerre du Golfe, en 1991. Mais le Kurdistan a ensuite été divisé par la guerre impitoyable que se sont livrée l'UPK et le PDK, de fin 1994 à 1998, qui a fait 3000 morts. Les deux partis se sont réconciliés sous les auspices de Washington au point de s'allier pour les élections de 2005, qui ont porté Massoud Barzani à la présidence de la région. Le Kurdistan possède son propre Parlement et dispose de prérogatives étendues dans tous les domaines, à l'exception des Affaires étrangères et de la Défense. Une autonomie qui s'est maintes fois heurtée ces dernières années à l'autorité du gouvernement central, notamment sur la question des contrats pétroliers qu'il a signés avec des compagnies étrangères, et que Baghdad ne reconnaît pas. Les Kurdes revendiquent en outre de vastes portions de territoires hors de leurs frontières administratives actuelles, principalement dans la province riche en pétrole de Kirkouk, mais aussi dans celles de Ninive (nord),Salaheddine et Diyala (centre). «Quand Kirkouk reviendra dans le giron de la région, nous en ferons un exemple de coexistence (...) et de gouvernance partagée, mais nous ne négocierons pas son identité», a déclaré M. Barzani dans son discours. Fils de Moustafa Barzani, dirigeant de l'éphémère République kurde proclamée en 1946 à Mahabad, en Iran, Massoud Barzani dirige le PDK depuis 1979.