Le Bureau fédéral a infligé un avertissement à la Ligue de football professionnel (LFP) suite au scandale Badni qui a éclaboussé la LFP et la Ligue interrégions (LIRF) lors de la saison 2016-2017. Pour saisir toute la gravité de cette affaire, il faut remonter aux sources du scandale que les deux ligues ont étouffé et dont nous avons fait écho dans l'édition du 30 mai 2017 d' El Watan, dans un article portant le titre : «Un scandale sur le bureau de Zetchi». Le joueur par qui le scandale est arrivé, Badni Seyyed Ali, avait le statut de joueur professionnel à l'ASO Chlef durant la saison 2015-2016. Avant l'entame de l'exercice 2016-2017, le club le retire de sa liste des joueurs sous contrat. Jusque-là, rien d'anormal. Les joueurs viennent et partent au gré des intérêts et humeurs des parties (clubs - joueurs). Malheureusement, dans le cas de Badni, la procédure légale n'a pas été respectée par le club (ASO) qui a retiré la qualité de joueur professionnel à Badni sans respecter toutes les formes prévues par les textes et règlements. Pour écarter Badni de son effectif, l'ASO Chlef a présenté un certificat médical à la LFP qui mentionne l'incapacité du joueur à pratiquer le football au motif qu'il souffre d'un problème de ménisque. La LFP n'a pas été très regardante sur le motif évoqué ni sur la forme. Dans pareille situation, incapacité de jouer, la réglementation prévoit la présentation d'un dossier médical complet, pas un simple certificat médical adressé au médecin fédéral qui est le seul habilité à trancher sur ce type de dossier. La LFP s'est contentée du certificat médical présenté par l'ASO pour lui donner gain de cause et retirer le nom de Badni de la liste des joueurs sous contrat. Le règlement lui imposait de réclamer le dossier médical et de ne pas trancher avant que le médecin fédéral ne se prononce. Le joueur Badni, qui est une victime dans cette affaire, n'y a vu que du feu. Il a été éliminé et remplacé, c'est grave, par un autre joueur sur la liste de l'ASO avec la complicité manifeste de la LFP qui a totalement couvert la forfaiture. C'est le premier palier du scandale Badni. Le second est intervenu en janvier 2017 lorsque, au mépris des règlements, la Ligue interrégions a qualifié le joueur sous les couleurs de Aïn Oussera (groupe Centre-Ouest-LIRF) alors que le délai d'enregistrement en championnat amateur débute le 30 juillet et s'achève le 31 août. Par quel miracle et magie la LIRF a-t-elle qualifié Badni au profit de Aïn Oussera ? Comment un joueur qui ne figure pas sur la liste d'un club, affichée sur le site de la ligue, peut-il ensuite jouer sans crainte ? Il se trouve que Badni a pris part à plus de 10 matchs, marqué plusieurs buts et au final son club (Aïn Oussera) a terminé le championnat en tête du classement et a accédé en Division nationale amateur (DNA). L'intégrité de la compétition ainsi que l'éthique ont été allègrement bafouées sans qu'une seule voix ne s'élève pour dénoncer ce grave scandale. Lorsque des ligues se mettent de la partie dans la transgression des textes et leur violation au vu et au su de tout le monde, il faut craindre pour l'avenir du ballon rond. Dans pareil cas, le règlement (article 94 : infraction relative à la licence), alinéa 3 (falsification de la licence par une ligue) «si la responsabilité de la ligue est avérée dans la fraude ou la falsification de la licence, les sanctions suivantes sont prononcées : annulation de la licence, interdiction à vie d'exercer toute fonction et/ou activité en relation avec le football pour les membres fautifs de la ligue, licenciement du ou des employé(s) concerné(s), poursuites judiciaires pour faux et usage de faux». L'avertissement infligé par le bureau fédéral à la LFP n'est pas prévu dans ce cas d'espèce. La sanction doit être plus sévère et plus lourde, à la hauteur de la gravité de la faute. Les auteurs de ce scandale auraient dû démissionner sur-le-champ pour préserver leur honneur. Inutile de s'attarder sur les raisons pour lesquelles ils ne l'ont pas fait.