Les autorités publiques ont renoncé définitivement à la fameuse offre de l'association patronale franco-algérienne, Club 92, pour la gestion des déchets ménagers de la wilaya de Béjaïa pour la somme de 70 milliards de centimes. C'est ce qu'invite à croire une récente réunion qui a regroupé le wali et une société algérienne, spécialisée dans le domaine, autour d'une nouvelle offre. L'information est donnée par le comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa qui a dénoncé, en juin dernier, une tentative de surfacturation dans le partenariat projeté avec l'APC de Béjaïa. «En date du 18 septembre 2017, la société Manabí Environnement, spécialisée dans la gestion des déchets, dépêchée par les ministères des Ressources en eau et de l'Environnement, s'est réunie avec le wali de Béjaïa et s'est engagée pour un montant de 4129,50 DA pour la collecte de la tonne de déchets en générant quelque 691 postes d'emploi directs. Des prix inférieurs à ceux pratiqués à Oran et près de trois fois moins que ceux proposés par le club 92», écrit le comité dans une déclaration rendue publique. Pour rappel, le partenariat engagé avec l'APC de Béjaïa reposait sur la somme unitaire de 11 670, 20 DA pour la tonne de déchets collectés contre 5638 DA la tonne dans la commune d'Oran. «Soit un écart d'un peu plus de 6000 DA la tonne et que l'APC de Béjaïa allait débourser 33,8 milliards de centimes de plus chaque année pour le même volume de déchets», rappelle le comité dans son dernier communiqué. Les responsables de Manaby Environnement ont été reçus par le wali Mohamed Hatab, en présence du SG de la wilaya et du chef de la daïra et en l'absence des élus de l'APC. Qui est Manaby Environnement ? Il s'agit d'une société de droit algérien d'études en environnement qui s'est spécialisée dans le traitement et la valorisation des déchets organiques, mais aussi dans les énergies renouvelables. Constituée en holding mixte, avec un partenariat étranger, elle a lancé en mars dernier une usine de récupération de déchets ménagers à Mostaganem. Ses responsables sont venus à Béjaïa avec une offre calculée sur la base de 4129,50 DA la tonne de déchets collectés, la même qu'elle applique à Mostaganem. Cette offre moins disante, mais qui vient en dehors du circuit des marchés publics, semble intervenir à la suite de l'alerte donnée sur la surestimation des coûts du partenariat algéro-français tombé à l'eau. L'alerte était restée longtemps sans réaction des autorités locales et centrales. «La réaction des autorités supérieures est venue la semaine dernière», selon le comité de soutien qui «se félicite du changement d'attitude du nouveau gouvernement». Que cette autre société soit «dépêchée» par le département ministériel de Fatma Zerouati pose le problème du respect des règles des marchés publics. De ce fait, se trouve exclue l'offre d'un milliard de dinars faite par Issad Rebrab, patron de Cevital, pour la réalisation d'une usine de traitement et de valorisation de déchets pour la wilaya et d'une station d'épuration ultramoderne pour la ville de Béjaïa, sur les fonds propres du groupe. «Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et de peur que le même échec soit réédité, notre comité invite le gouvernement à travers son ministre de l'Environnement et le wali de Béjaïa à la transparence et au respect des règles des marchés publics», écrit le comité dans sa déclaration. Cevital s'est aussi engagé, pour rappel, à daller par ses moyens propres l'oued Seghir qui traverse la ville. L'offre de Manaby Environnement a tout l'air de se concrétiser de gré à gré, puisqu'on a déjà envisagé qu'Akbou, qui croule sous ses ordures, sera la deuxième étape de la mise en œuvre de ce projet après celle de Béjaïa. L'absence de consultation met en tout cas, et encore une fois, l'offre généreuse de Rebrab au placard en ces temps de disette.