Le dernier Conseil des ministres, daté du 6 septembre, a examiné, faut-il le rappeler, un texte réglementaire portant modification de la loi sur la monnaie et le crédit ; un préalable juridique à l'institution du financement dit «non conventionnel» destiné à couvrir les déficits, la dette et les besoins du FNI. Même si le staff gouvernemental, à sa tête le Premier ministre Ahmed Ouyahia ne souffle mot sur les besoins de financement par le moyen de la planche à billets, l'on commence à voir un peu plus clair ; l'avant-projet de loi de finances 2018 est porteur de quelques indices. Le dernier Conseil des ministres, daté du 6 septembre, a examiné, faut-il le rappeler, un texte réglementaire portant modification de la loi sur la monnaie et le crédit ; un préalable juridique à l'institution du financement dit «non conventionnel» destiné à couvrir les déficits, la dette et les besoins du FNI. Dans son «plan d'action», le gouvernement Ouyahia en a fait son cheval de bataille. Son discours de politique générale s'est transformé en un véritable plaidoyer en faveur de la planche à billets ; l'Exécutif y va le couteau à la gorge, faute de disponibilités financières immédiates. Il veut surtout y aller vite, soit avant novembre, car le besoin en financement pour boucler l'exercice culmine à plus de 500 milliards de dinars. Pour le prochain exercice, les besoins en financement par la planche à billets (déficits du Trésor, dette interne et FNI) sont pour le moins faramineux. Le montant des tirages pourrait être énorme compte tenu des prévisions de déficit et de la dette interne pour le prochain exercice. L'avant-projet de loi de finances 2018, dont le contenu devrait être examiné aujourd'hui en Conseil des ministres, table sur un déficit prévisionnel de 2106 milliards de dinars, auquel l'on rajoutera un reliquat de 1035 milliards de dinars correspondant au déficit de 2017. Ainsi, rien que pour la partie liée à la couverture des déficits, les besoins de financement par le moyen de la planche à billets s'élèvent à plus de 3100 milliards de dinars en 2018. La dette va en s'aggravant L'autre enjeu qui justifie le recours au financement dit «non conventionnel» est la couverture d'une énorme dette interne qui va en s'aggravant. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette publique s'est accrue, passant de 8,8% du PIB en 2015 à 21,0% à fin 2016 à la suite d'opérations financières réalisées par l'Etat pour soutenir deux entreprises publiques. Constituée essentiellement des titres du Trésor et de dettes restructurées d'entreprises publiques, la dette intérieure de l'Algérie s'élevait à 3407 milliards de dinars à fin 2016 (soit l'équivalent de 19,9% du PIB). Sur ce montant, 978 milliards de dinars correspondaient à des titres du Trésor régulièrement émis et assortis d'échéances variant de 13 semaines à 15 ans. Cette dette est pour l'essentiel détenue par des banques et des compagnies d'assurance. L'emprunt obligataire émis par l'Etat en avril 2016 représentait pour sa part 569 milliards de dinars, tandis que les 1861 milliards de dinars restants correspondaient à des opérations réalisées par l'Etat pour venir en aide à des entreprises publiques, pour l'essentiel entre 2009 et 2016. La dette intérieure garantie par l'Etat s'est élevée à 3163 milliards de dinars, soit 18,5% du PIB, selon le FMI. Cette institution table sur une prévision de la dette qui s'élèverait à près de 26% du PIB en 2018, soit près de 4000 milliards de dinars. Les estimations donnent le vertige et risqueront de mettre la planche à billets en situation de surchauffe. L'évaluation des besoins du Fonds national d'investissements n'est pas encore faite, ce qui pourrait alourdir davantage le montant des tirages à effectuer par le moyen de la planche à billets. Le gouvernement a entretenu jusqu'ici un silence parfait sur le coût de couverture des déficits, de la dette interne et des besoins du FNI, réduisant le risque inflationniste à une prévision insensée, voire un discours catastrophiste.