Le premier producteur en Algérie, voire en Afrique, des bandelettes pour diabétiques affiche de sérieuses ambitions dans le domaine. Après avoir annoncé, au début de l'été, la fabrication de bandelettes par son unité de production basée à Constantine, Neomedic assure et commercialise déjà depuis deux mois l'appareil Diagno-Check smart, certifié Iso 2013, et des bandelettes pour l'autosurveillance du glucose dans le sang. L'usine, affirme son directeur Mehdi Atoui, peut atteindre une capacité de production de 4 millions de bandelettes par an, soit près de 40% des besoins du marché algérien. Une aubaine pour l'Etat qui paye cher pour l'importation de ces produits parapharmaceutiques stratégiques en devise et tente, sur fond de crise financière, de favoriser la production nationale et alléger la facture qui pèse plusieurs millions de dollars par an. Réagissant à l'appel du ministère de la Santé, dans le cadre de la nouvelle politique gouvernementale, Neomedic a investi lourdement dans cette filière en s'associant avec un fabriquant américain. L'investissement a coûté 5 millions d'euros, toujours selon le directeur, dont 3 millions consacrés au transfert de technologie, essentiellement en termes de formation des effectifs algériens. Cet effort soutenu par des banques algériennes reste fragile, cependant, face à la concurrence des multinationales qui détenaient jusque-là toutes les parts du marché local, ou encore des opérateurs qui ont les faveurs du système. Les dirigeants de la société ont du mal d'ailleurs à cacher leurs appréhensions, même si l'Etat algérien, par le biais du premier responsable de la pharmacie centrale (PCH), s'est engagé à accorder une part de ses commandes, en 2018, à Neomedic. Ce fabricant installé dans la zone industrielle Palma, dans la wilaya de Constantine, devrait être pris au sérieux par les décideurs, d'autant qu'il a honoré ses engagements de fabrication et de commercialisation des bandelettes et affiche des ambitions sérieuses. «En réalité, notre nouvelle unité, dont la superficie est de 1850 m², est dimensionnée pour une production de 5 millions de boîtes par an, avec les 120 employés que nous avons. Mais avec un coup de pouce de l'Etat et la multiplication du personnel, nous pouvons augmenter le taux de la production et couvrir le marché algérien à 100%», déclarait Mehdi Atoui sur ces mêmes colonnes, il y a environ trois mois. La population atteinte de diabète est très élevée en Algérie ; environ 4 millions selon la Fédération nationale des diabétiques. Les inconséquences du système d'importation et les interférences des groupes d'influence liés à ce marché juteux provoquent parfois des ruptures préjudiciables aux malades, à l'image de celle des stocks de bandelettes.