Déjà atteint de la maladie de Parkinson depuis 1986, actuellement, il souffre de la propagation des escarres sur plusieurs parties de son corps. Sa femme affiche son impuissance : « Je suis fatiguée, nous dit-elle. Toute seule, je ne peux pas le faire déplacer d'une place à une autre, nous n'avons pas trouvé quelqu'un qui puisse nous aider à le traiter pour le soulager des escarres surtout, mais également, il y a des médicaments qu'on ne trouve pas facilement sur le marché national. Du moment que vous êtes venu chez nous à la maison, je vous demande de transmettre notre message, afin de nous aider à atténuer la souffrance de mon mari, et croyez-moi, personne n'est venu lui rendre visite. On l'a vite oublié et enterré. » Ouriachi Abdellah, qui ne pouvait lever la tête, nous murmure difficilement : « J'ai donné ma jeunesse et ma santé au TNA ». « Même malade, j'étais absorbé par ma passion pour le théâtre algérien, j'ai refusé les offres », ajoute-t-il avant de sombrer dans un long silence. La silhouette du metteur en scène Ouriachi Abdellah a fondu au fil des mois, son corps frêle s'est plié, alors que ses pieds enflent. Le traitement prescrit par un médecin généraliste (Madopar/comp et Sowel LP/2mg) lui avait causé une occlusion intestinale, qui avait nécessité une intervention chirurgicale délicate, en raison de sa faiblesse. Il craint les infections. Il faisait partie de la commission de préparation du statut de l'artiste, en particulier du comédien, un statut qui n'a pas vu encore le jour. Il avait joué dans la pièce intitulée Les martyrs reviennent cette semaine, une pièce de théâtre qui avait connu un énorme succès en Algérie et à l'étranger. Ouriachi Abdellah fait partie de la même promotion que Ziani Chérif Ayad, Azzedine Medjoubi et bien d'autres artistes de renommée. Il avait travaillé surtout avec Benguettaf, Alloula, y compris Sonia et Dalila Hlilou. Le metteur en scène Ouriachi Abdellah est à l'origine du théâtre pour enfants au TNA. Il reprend son souffle, nous regarde un instant et dit : « Dites à l'ENTV s'il vous plaît de m'envoyer une copie de la cassette Ya El Akh Rak Met'Salal, elle avait été censurée en 1973. » Il s'agit des derniers mots du metteur en scène avant de le quitter. Selon son épouse, cette pièce d'une durée de 90 mn avait été rejetée à l'époque par le comité de censure de l'unique, c'était une adaptation de l'écrivain russe Gogol (Nikolaï Vassilievitch). La ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait rendu un hommage à Ouriachi Abdellah, sous le regard de son ami et complice Yahia Benmabrouk, qui venait d'être honoré ce jour-là. A présent, le comédien, metteur en scène et créateur artistique, Ouriachi Abdellah, agonise dans son univers, en silence, à l'abri des regards. Il s'imagine abandonné dans « un mouroir ». Au crépuscule de sa vie, l'artiste est en quête de médicaments (Sowel LP/2mg), d'une chaise roulante et d'une prise en charge médicale dans un hôpital proche de la wilaya de Tipaza pour traiter les escarres. Son appel aura-t-il la chance d'être entendu ?