Pour protester contre les perturbations persistantes caractérisant le réseau de distribution de l'eau potable dans leur commune, voire l'absence totale depuis deux mois de cette matière vitale dans les robinets de leurs foyers, des dizaines d'habitants de Chetma, localité située à 7 km à l'est de Biskra peuplée par plus de 30 000 âmes, ont paralysé, hier matin, la circulation routière sur la RN31 au moyen de grosses pierres, de parpaing et de vieux pneus enflammés, a-t-on constaté. Dès 6h du matin, ils ont placé ces barricades infranchissables par les véhicules à deux points de la route empruntée par des centaines d'usagers, dont des poids lourds et des bus de transport scolaire et universitaire. Tenu à l'entrée nord de l'agglomération et au niveau des portes du pôle universitaire éponyme de la commune, ce mouvement de protestation contre le manque d'eau a créé de part et d'autre de ces barrages improvisés une pagaille et une consternation chez les usagers de la route empêchés de vaquer normalement à leurs affaires. «Nous avons posé notre problème depuis des semaines aux autorités concernées, mais nos courriers et récriminations administratifs et pacifiques semblent être des lettres mortes pour les autorités locales, insensibles à notre calvaire d'habitants d'appartements sans eau. Le débit et la pression de l'eau y sont trop faibles et les maisons des étages supérieurs sont perpétuellement asséchées. Nous voulons juste de l'eau dans nos maisons, même à temps partiel, pour suffire aux besoins de nos familles. Nous sommes dans une situation indigne de l'Algérie de 2017, sachant que les ressources hydriques ne manquent pas dans notre région. Nous avons été acculés à recourir à une telle action», a déclaré l'un des protagonistes. «En coordination avec la direction de l'hydraulique, nous avons programmé la réalisation de 3 forages afin d'alimenter la commune en eau potable. Un seul est actuellement en fonction, mais il ne suffit pour alimenter toutes les cités en eau. Il est vrai que la cité des 600 Logements sociaux pâtit de ce problème, mais il faut savoir que Chetma connaît une démographie fulgurante faussant tous les calculs et les prévisions. Nous établissons des plans de développement pour une population de 12 à 15 000 habitants, alors que nous sommes arrivés à 30 000 habitants», a souligné Mohamed Souiki, président de l'APC, en réaction au mécontentement des habitants de Chetma. En outre, celui-ci déplore «la manipulation des masses de la part d'entités occultes visant la déstabilisation du conseil municipal comme à chaque échéance électorale», estime-t-il. Cet édile «ayant réalisé de grandes choses avec les maigres moyens mis à sa disposition», selon les dires d'autres résidents de la commune de Chetma, s'est déplacé sur place, comme le chef de la daïra de Biskra, pour exhorter les protestataires à faire preuve de sagesse et de patience, «car toutes les doléances et les difficultés des habitants de Chetma seront étudiées et résolues dans les plus brefs délais», a-t-il conclu. Un appel, semble-t-il, non entendu par les contestataires, puisque ceux-ci ont levé le siège dans l'après-midi en promettant de revenir à la charge incessamment au cas où la question de l'alimentation en eau potable de leurs maisons ne connaîtrait aucun développement rapide.