Au bout de deux jours, mardi et mercredi, d'intenses discussions, au caire, la capitale égyptienne, les deux principaux mouvements palestiniens, Fatah et Hamas, sont parvenus à une vision commune de l'application de l'accord de réconciliation qu'ils avaient signé en 2011, au Caire également. Les pourparlers se sont déroulés au siège du service du renseignement égyptien, sous l'égide des autorités égyptiennes, qui cette fois se sont portées garantes de tout accord entre les deux parties. La feuille signée jeudi met fin à plus d'une décennie de divisions palestiniennes. Le président Mahmoud Abbas, qui selon certains responsables palestiniens aurait demandé à la délégation du Fatah de ne pas rentrer sans avoir signé un accord avec le mouvement Hamas, a déclaré être satisfait du résultat des discussions. Le Président palestinien a contacté par téléphone son homologue égyptien Abdel Fatah Al Sissi et lui a exprimé ses vives remerciements en son nom et au nom du peuple palestinien pour les efforts fournis par l'Egypte dont le fruit a été l'accomplissement de l'accord de la réconciliation palestinienne et la marche à pas fermes vers le retournement de la page de la division. Selon l'agence de presse palestinienne officielle Wafa, Mahmoud Abbas a affirmé que l'accord signé au Caire, sous l'égide de l'Egypte, renforce et accélère les pas vers la fin de la division et le recouvrement de l'unite du peuple, de la terre et des institutions palestiniennes. Le Président palestinien se rendra à Ghaza prochainement, selon Zakaria Al Agha, membre du Comité central du Fatah. ça sera un moment historique puisqu'il a quitté Ghaza depuis plus de dix ans. Les mêmes échos favorables à ce qui se passait au Caire résonnaient dans les déclarations des responsables du mouvement Hamas, dont Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique, qui depuis Ghaza a annoncé dès mercredi soir l'achèvement de l'accord entre les deux parties. Les principaux points sur lesquels les deux délégations se sont entendues concernent le gouvernement de consensus national actuel, présidé par Rami Al Hamdallah, qui va pouvoir exercer les pleins pouvoirs dans l'enclave palestinienne d'ici au 1er novembre comme date maximale. C'est la première fois qu'un accord entre les mouvements Fatah et Hamas comprend un programme de travail avec un emploi du temps précis. L'accord est global et comprend tous les dossiers qui, à plusieurs reprises, ont fait éclater des accords précédents, tels l'intégration des salariés du Hamas recrutés au cours de son règne à Ghaza parmi ceux de l'Autorite palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. Les deux rivaux se sont mis d'accord également sur la question du terminal de Rafah et des points de passage avec Israël qui seront gérés dorénavant par la garde présidentielle. Un consensus a été réalisé sur d'autres dossiers, comme celui de l'électricité dont le manque chronique a empoisonné la vie des citoyens et mis en danger des secteurs vitaux. Dès l'annonce officielle, jeudi, en debut d'après-midi de la signature de l'accord au Caire par Azzam Al Ahmad, membre du Comité central du Fatah et Saleh Al Aarouri, n° 2 du bureau politique du Hamas, des milliers de Palestiniens sont descendus spontanément dans les rues pour célébrer l'événement. Le plus grand rassemblement s'est formé dans la place du Soldat inconnu, en plein centre-ville de Ghaza. Tout le monde paraissait joyeux. Certains chantaient alors que d'autres dansaient la dabka, (folklore palestinien) en pleine rue et certains distribuaient des confiseries, d'autres portaient des drapeaux palestiniens et égyptiens. Les bannières jaunes du Fatah et vertes du Hamas étaient présentes, également, dans une sorte de communion plutôt rare. Les bonnes nouvelles venues du Caire avaient l'effet d'une magie sur les Ghazaouis qui ont été les principales victimes de la décennie de la division. La place était à l'espoir en des jours meilleurs et à beaucoup d'optimisme. Colère israélienne et bon accueil international Le Premier ministre israélien est l'une des rares personnalites à avoir exprimé son mécontentement de l'accord de réconciliation entre les mouvements Fatah et Hamas. Lui qui a toujours œuvré à approfondir la division par des méthodes diverses pour pouvoir dire que Mahmoud Abbas n'est pas un partenaire fiable pour la construction de la paix, car il ne représente pas l'ensemble des Palestiniens, dit aujourd'hui que la réconciliation avec le Hamas «ne fait que compliquer la recherche de la paix». Israël a fait savoir qu'il ne traitera pas avec un gouvernement d'union palestinien si celui-ci ne reconnaissait pas Israël et ne désarmait pas le Hamas. au niveau international, le discours est autre. Le département d'Etat américain a affirmé que les Etats-Unis suivront de près l'amélioration de la situation humanitaire dans la bande de Ghaza après l'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas signé sous l'égide des Egyptiens. «Nous saluons l'effort pour que l'autorité palestinienne assume ses responsabilités dans la bande de Ghaza», a affirmé devant des journalistes la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a félicité le Président palestinien pour l'accord et apporte le soutien des Nations unies à l'Autorité palestinienne tout en rappelant l'urgence de s'occuper de la crise humanitaire à Ghaza. La Ligue des Etats arabes a salué l'accord, y voyant «une garantie essentielle» vers la création d'un Etat palestinien. Plusieurs pays dont l'Egypte, la Jordanie, la Turquie et autres ont félicité les Palestiniens pour l'accord du Caire. Selon Wafa, le roi Abdallah de Jordanie a appelé, hier vendredi, le président Mahmoud Abbas et l'a félicité pour l'accord du Caire.