Jeudi, le wali d'El Tarf, Mohamed Belkateb, a convié les 182 bénéficiaires de concessions dans la Zone d'activités commerciales (ZAC) rebaptisée Parc industriel de Metroha et située à 5 km au sud du chef-lieu de wilaya. Seulement 80 d'entre eux répondront à l'invitation, dont 2 femmes sur les 53 que compte ce groupe qu'on n'ose plus nommer investisseurs, tant cette appellation a été galvaudée et dévalorisée dans cette wilaya. En effet, et au grand dam du nouveau wali, on trouve de tout dans les attributions de terrains. Des transformateurs de bois, de ferraille, d'aluminium, de carton, des conditionnements de légumes secs qui ont bénéficié d'assiettes de 1000 m². Un ferronnier soudeur qui fait du barreaudage s'est vu octroyer 5 000 m². Des show-rooms pour des concessionnaires de véhicules, qui se sont pourtant engagés à faire du montage, et les exemples de ce genre foisonnent, et le plus cocasse est celui de ces 8 abattoirs sur le même site. Les concessionnaires sérieux se comptent sur les doigts d'une seule main. Beaucoup de femmes absentes sont en fait des prête-noms pour des bénéficiaires qui ont pu ainsi doubler ou tripler leur chance d'obtenir plusieurs terrains. La ZAC de Metroha s'étend sur 70 hectares. C'est la plus vaste des 6 zones que compte la wilaya et elle talonne de la sorte la Zone industrielle de Ben Mhidi qui est passée de 70 à 100 ha avec le programme lancé par le précédent wali d'El Tarf, Mohamed Lebka. Sur place, il y a très peu d'activité, pour ne pas dire qu'il n'y en a aucune. «Nous attendons les financements bancaires», ont répondu ceux qui ont été priés de s'expliquer. Peu de projets, si on peut les appeler ainsi, ont réellement démarré. Les terrains sont tout au plus clôturés et beaucoup sont l'objet d'une spéculation effrénée. Ils sont rétrocédés à des dizaines de milliards de centimes. Le wali d'El Tarf a annulé 25 permis de construire, introduit 15 actions en justice contre «des investisseurs» qui ont bénéficié de concessions et réduit les superficies attribuées à des projets. Des enquêtes des services judiciaires financiers sont en cours pour préciser des cas particuliers, comme ceux des prête-noms ou des changements de main. Nous avons également appris de sources dignes de foi que le précédent wali, Mohamed Lebka, en poste à Mascara, a signé entre le jeudi 13 juillet, jour de l'annonce du mouvement des walis, et le mardi 18 juillet, date de son départ, un paquet de nouvelles concessions, tombées fort heureusement entre de bonnes mains. Il se targuait d'œuvrer pour la relance de l'économie locale. Il avait travaillé pour attirer les investisseurs vers El Tarf. Il en aurait reçu personnellement près de 600 et prévoyait la création à terme de 14 000 emplois. Mohamed Lebka s'était également fixé comme objectif de redorer l'image de cette wilaya, durement affectée par les affaires, notamment celles toujours présentes dans les esprits et remontant à l'époque du précédent wali Djilali Aârar (2003-2006), qui a fini en prison. Des affaires non démenties, rapportées par des confrères, font état d'enquêtes menées par les services de sécurité sur des parcelles communales et agricoles cédées en dehors de la loi à des «investisseurs».