Investissement. Le mot est dans toutes les bouches des officiels depuis la dégringolade du prix du baril de pétrole. C'est la panacée, le remède miracle qui sauvera l'économie en ruine du pays. Dans cette vague d'enthousiasme institutionnel, le wali d'El Tarf a organisé samedi une journée d'étude sur l'investissement et, chose surprenante, il y avait du monde dans l'amphithéâtre de l'université qui a abrité la rencontre. Des investisseurs, c'est certain, mais aussi des responsables, des élus, des bureaux d'études et des «invités» que le débat révèlera comme n'ayant pas tout à fait saisi le sens et l'objet du mot investissement. La journée se voulait informative ne l'a pas été au goût de beaucoup. Le wali a dressé un tableau de la situation des procédures, des engagements et des réalisations en comparant les périodes avant et après les épisodes CALPI et CALPIREF. Des rappels de la réglementation et des nouvelles dispositions de la LFC 2015 et un bilan des procédures d'investissements en cours ont été donnés. Le directeur du Tourisme a préféré l'image en faisant défiler tout simplement de mauvaises vidéos des projets présentés par les promoteurs dans le cadre de l'investissement touristique. Le wali a cherché à mettre en exergue le coup d'accélérateur qu'il a donné depuis sa prise de fonction mais si les chiffres sont têtus, lorsqu'ils sont réels bien entendu, la réalité par contre est butée. Il y a eu certes une nette amélioration dans les délais de délivrance des documents et pièces administratives, mais il n'y a qu'un seul projet réalisé et en activité, 32 autres qui auraient démarré et 16 projets qui ne l'ont pas du tout sur les 108 projets qui ont reçu le feu vert. «Le foncier n'est plus un problème» a déclaré le wali, Mohamed Lebka. La zone d'activité commerciale (ZAC) de Ben Mhidi a été agrandie de 70 hectares, auxquels il faut ajouter la création de la ZAC de Metroha et celle du Lac des Oiseaux (20 ha). Cependant, les terrains abandonnés dans les ZAC, notamment à Ben Mhidi, restent en suspens. Selon le chef de l'exécutif, quelques 8000 postes d'emploi vont être créés d'ici 2018 sur 13 hectares et un montant global de 36 milliards de dinars. Les 108 projets autorisés seront-ils tous en activité en 2018 ? Tous ces chiffres, ces discours et cet intérêt font figure de réchauffé pour bon nombre d'élus et d'investisseurs qui n'y voient qu'un remake. Pour eux cette énième opération va connaitre le même chemin que les précédentes, avec l'accaparement du foncier par des affairistes. Et des affairistes, il y en avait dans l'assistance. Ils étaient en fait les seuls à se réjouir de la rencontre.