Plus d'un mois après la rentrée scolaire, seules 51 sur les 181 cantines scolaires que compte la wilaya de Boumerdès, soit de près de 28%, sont fonctionnelles. Des milliers d'élèves de la région, notamment ceux habitant les localités rurales, suivent les cours le ventre vide, tandis que d'autres se contentent à midi d'un repas froid très faible en calories avant de regagner leurs classes. Ce problème n'est pas propre à la wilaya de Boumerdès. Les images d'élèves errant, des sandwichs dans les mains, rappellent une autre époque, celle «des misérables de Victor Hugo». A Timezrit, même les restaurants sont inexistants. Idem dans les villages éloignés de Chabet El Ameur, Taouarga, Kharouba et Keddara où les élèves ne trouvent pas de quoi casser la croûte. Le retard pris dans l'ouverture des cantines s'est posé après le transfert de leur gestion aux APC. Désormais, ce ne sont plus les directeurs de l'éducation et les économes qui se chargent de cette mission, mais bel et bien les assemblées élues. Le choix des fournisseurs se fait après une multitude de procédures bureaucratiques, qui deviennent très compliquées quand il s'agit d'un marché à soumission, comme ce fut le cas pour 12 communes de la région. La wilaya comprend 32 communes, mais il n'y en a que 10 où les cantines sont en service, selon les informations recueillies auprès des élus locaux. Si certains présidents d'APC déplorent le manque de soumissionnaires, d'autres précisent n'avoir pas reçu les budgets à temps. «On a lancé la consultation, mais il n'y a pas eu de soumissionnaires, car la consultation comprend plusieurs lots. On va essayer de prolonger le délai. On n'a pas le choix parce qu'on ne veut pas donner le marché de gré à gré», dira le président de l'APC de Timezrit, Amar Brara, une localité rurale qui compte 7 écoles primaires. Selon lui, la complexité des procédures rend très difficile l'aboutissement de la démarche. Même avis d'un élu à l'APC des Issers, où les élèves de 19 écoles primaires prennent à ce jour des repas froids. Pour le vice-président de l'APC de Chabet El Ameur, Mohamed Chabla, la gestion du volet financier des cantines «n'est qu'une charge de plus pour les collectivités locales». «Auparavant, c'était mieux. Si les subventions étaient arrivées fin août, il n'y aurait pas eu de retard pour désigner les fournisseurs et ouvrir les cantines», se défend-il. Cependant, de nombreux parents d'élèves accablent les élus locaux dont la plupart ont été, selon eux, «gagnés par l'immobilisme et l'inertie, notamment en cette période de fin de mandat où tout le monde songe à son devenir plutôt qu'à celui de nos enfants». Certains avancent pour preuve le fait que pas moins de 10 APC de la wilaya avaient déjà réussi à ouvrir «leurs» cantines malgré la complexité des procédures et autres prétextes invoqués par les assemblées défaillantes sur ce sujet. Il est à noter enfin que pas moins de 37 cantines de la région, bien qu'elles soient bien loties en équipements, avaient servi des repas froids aux élèves durant l'année écoulée. Ce problème, qui risque d'être réédité encore cette année, a été justifié par le manque de personnel.