Ce qui était redouté par les montagnards de la wilaya de Boumerdès a fini par se produire. Les intempéries de ces derniers jours ont plongé plusieurs localités de la région dans l'isolement. Les routes desservant les communes de Timezrit, Afir, Taouarga, et les villages des hauteurs de Naciria, Chabet El Ameur et Keddara, ont été fermées durant toute la matinée de mercredi dernier. Mais la situation est revenue à la normale en début d'après-midi après l'intervention des engins des travaux publics. En sus du manque de gaz butane, les habitants affirment n'avoir pas été alimentés en eau potable depuis plus d'un mois. Une femme en instance d'accoucher a été transportée à bord d'un véhicule jusqu'au lieudit Taâwint Tassemat avant de pouvoir poursuivre la route vers l'hôpital de Bordj Menaïel. Au-delà du spectre des pénuries qui plane sur les populations des zones enclavées à chaque tempête de neige, les intempéries de ces derniers jours ont révélé les tares de l'administration locale et leur incapacité à anticiper certains problèmes afin de mieux les gérer. Il faut dire que la tension sur le gaz butane n'aurait pas existé si on avait mené à terme les projets devant alimenter les localités rurales de la région en gaz naturel. Des projets qui sont bloqués depuis plus d'une année en raison des retards enregistrés dans le paiement des entreprises engagées. Aujourd'hui, 42% des foyers de la wilaya ne sont pas desservis en gaz. Aussi, de nombreuses communes, à l'instar de Timezrit et Chabet El Ameur, avaient bénéficié d'enveloppes pour l'acquisition de chasse-neige, mais ceux-ci n'ont pas été achetés à cause de l'insuffisance du budget (10 millions) dégagé à cet effet. Solutions palliatives : les élus locaux attendent depuis plusieurs mois l'accord du wali pour le changement de l''intitulé de l'opération. «On a beau parler de l'élargissement des prérogatives des maires, mais la réalité du terrain démontre le contraire. On nous accorde des aides sous forme de projets, alors qu'on peut nous donner de l'argent directement et c'est aux APC de décider où et comment le dépenser», préconise un élu de Chabet El Ameur. Mercredi, ce sont les entreprises privées et autres volontaires qui sont venus au secours pour désenclaver certains villages isolés par la neige à Timezrit, Afir et Chabet El Ameur. «On a deux engins. La DTP a envoyé deux chasse-neige, mais ils ont fui la commune en fin de soirée», a précisé le président de l'APC de Timezrit. Les responsables de la wilaya ne semblent pas avoir retenu la leçon de la tempête de neige de 2012. La forte demande sur le gaz butane pourrait aisément être évitée si on avait augmenté le stock du dépôt de Bordj Menaïel, d'une capacité de 20 000 bouteilles. Ce dépôt, qui alimente les localités de l'est de la wilaya, a distribué depuis le début de la semaine une moyenne de 10 000 bouteilles de gaz par jour. Ce qui est insuffisant surtout lorsqu'on sait que ce produit est très convoité en ces temps de froid glacial par les montagnards et les occupants des 12 000 chalets qui tardent à être démantelés au niveau de la wilaya. Naftal aurait promis d'acheminer le gaz butane vers toutes les communes qui en demandent, mais cette promesse ne s'est pas encore traduite dans les faits. A défaut de solutions palliatives, les responsables de cette entreprise publique feraient mieux d'accélérer les travaux de réalisation du centre enfûteur prévu depuis 2012 à Bordj Menaïel. Ce centre, d'une capacité de 21 000 bouteilles/jour, risque de ne pas voir être réalisé de sitôt. Le taux d'avancement des travaux n'a pas dépassé les 40%.