Le commerce électronique, une activité qui compte actuellement à peine une quinzaine de sites web, sera encadrée par une loi. C'est ce qu'a confirmé hier Imane-Houda Feraoun, ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique (MPTTN), lors de son passage à la Radio nationale. Elle a indiqué que le projet de loi sur le commerce électronique, qui a été adopté en Conseil des ministres, sera transmis à l'APN, formulant le vœu qu'il soit voté avant la fin de l'année. C'est un projet de loi qui vise à encadrer et à encourager cette pratique commerciale, a-t-elle souligné. Elle veut accréditer la thèse selon laquelle le secteur est en pleine réforme, ce qui implique un changement de vision après des années d'autosatisfaction et de statu quo. Et pour booster ce marché, elle annonce des mesures concrètes : «les commerçants ont une année de délais pour se doter de terminaux de payement électronique (TPE) pour, qu'à l'horizon 2019, le consommateur algérien puisse payer cash ou avec sa carte. Ce n'est pas une obligation de paiement électronique, mais c'est une obligation de laisser le choix aux consommateurs de payer comme ils veulent.» Pourquoi cette obligation, introduite d'ailleurs dans la loi de finances 2018 ? «Si on laisse cela au choix, la rapidité du déploiement des TPE laissera probablement à désirer», a-t-elle argumenté. Il faut dire aussi qu'on a un immense retard à rattraper d'autant plus que les indicateurs internationaux classent mal l'Algérie par rapport au payement et au commerce électroniques. Deuxième facteur qui pèse dans la balance : l'Etat a investi énormément dans les réseaux de télécommunication, et la ministre pense qu'«il est temps de les rentabiliser pour le bien-être du citoyen». En outre, le commerce électronique réduira la circulation du cash qui est, selon la ministre, «dangereuse pour l'économie nationale, ouvre la voie à la circulation de billets trafiqués et accentue le manque de liquidités dans les bureaux de poste ou dans les banques». Pour éviter d'aller à chaque fois retirer l'argent à la banque ou à la poste, les gens gardent les billets chez eux. «Si nous arrivons à démocratiser le payement électronique, la majorité des Algériens, surtout les salariés, préféreront utiliser leurs cartes de retrait», a-t-elle dit. La ministre a relevé que «tout ce qui est légal sera commercialisé électroniquement sauf les médicaments, le tabac, les jeux de hasard et les produits alcoolisés», tout comme il est également interdit de vendre des «équipements sensibles et produits prohibés». Le coût d'achat d'un TPE reste abordable (inférieur à 100 000 DA). Autre condition à retenir, les sites de vente en ligne devront être hébergés en Algérie avec les noms de domaine.dz. Refonte du réseau d'Algérie Poste La ministre donne l'impression de vouloir donner un nouveau souffle à ce dossier. Pour atteindre cet objectif, la volonté politique doit être affichée et affirmée aussi bien dans les déclarations que dans l'action de tous les jours. Autre annonce : la refonte de tout le réseau IP d'Algérie Poste dans le cadre de la mise à niveau des bureaux de poste, ceux qui n'ont pas connu de modernisation depuis plusieurs années, notamment à l'intérieur du pays. Cela sera un préalable pour la banque postale. Cela permettra d'avoir un réseau performant où il n'y aura pas de coupures. L'opérateur postal bénéficiera d'un prêt à taux bonifié du Fonds national d'investissement (FNI) pour se doter de machines automatiques de tri du courrier et des colis. «Il faut chercher la rentabilité économique. On espère qu'Algérie Poste dans le cadre du commerce électronique prendra une partie du marché de la livraison : c'est bien beau de vendre en ligne encore faudra-t-il livrer dans de bonnes conditions et dans les bons délais», précise Imane-Houda Feraoun. A partir de janvier 2018, Algérie Poste va lancer un plan de recrutement. En parallèle, les salariés en contrat à durée déterminée (CDD) seront «permanisés».