Connue pour ses vastes étendues aux paysages ensorcelants et son magnifique musée à ciel ouvert, Djanet, la perle du Ténéré, fait partie des dix communes pilotes choisies pour la mise en œuvre du programme CapDel sur la démocratie participative et le développement local. Un programme visant une implication des acteurs locaux, une modernisation et simplification des services administratifs au niveau communal, un renforcement de la planification stratégique et une amélioration de la gestion multisectorielle et multiniveaux des risques majeurs au niveau des communes. Avec ses 17 000 habitants et atouts culturels et économiques, Djanet s'initie au fur et à mesure, à l'instar des autres communes pilotes, aux vertus de la gouvernance concertée prônée par le programme CapDel. Après la phase d'explication et de lancement du programme qui a eu lieu en mars dernier, Djanet a eu droit, ces derniers jours, à la phase de restitution du diagnostic territorial participatif de la commune, effectué par un expert du Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (Ceneap), et au lancement du processus de participation des citoyens à la gestion des affaires de la commune. Elus, agents de l'administration, citoyens et membres de la société civile se sont regroupés dans la salle de conférence de l'institut de formation professionnelle à Djanet pour discuter et écouter les explications des uns et les propositions des autres sur le devenir de leur commune du sud-est du pays. Dans un silence quasi religieux, l'assistance a écouté avec attention les explications autour de la notion de démocratie participative et les outils existants pour une participation citoyenne à la vie de la commune. Les membres de l'équipe du programme CapDel au niveau national se succèdent pour expliquer les démarches à entreprendre afin de rendre réelle et palpable la notion de démocratie participative. «Vous dites des choses intéressantes que nous ne connaissions pas avant, notamment sur les articles de loi existants et qui permettent aux citoyens de participer à la vie de la commune. Mais comment faire pour que l'on puisse réellement participer avec tout le poids de l'administration que l'on connaît ?» lance un citoyen. Et un autre de dire : «Djanet est une commune située au niveau des frontières, que peut un maire devant un chef de région militaire ?» Et à un troisième d'enchaîner : «Qu'est-ce qui nous garantit que le maire prendra en compte nos remarques et propositions ?» Des questions qui reflètent on ne peut mieux une réalité bien pesante dans la gestion de la cité, qui a fini par engendrer une perte de confiance des citoyens dans l'administration mais aussi vis-à-vis des élus. «C'est tout le travail du programme CapDel, dire qu'il est possible de participer à la vie de la cité et de redonner confiance dans la capacité des uns et des autres à agir ensemble, à apprendre à s'écouter et à ne plus se regarder comme des adversaires mais comme des partenaires pour le bien de la collectivité», indique Mohamed Dahmani, directeur national du programme CapDel en invitant l'assistance à ne pas céder au désespoir et d'avoir foi et la volonté de changer les mentalités pour une gestion des communes qui soit efficace et bénéfique pour tous. Deux jours durant, l'assistance n'a pas déserté la salle de conférence, signe d'une réelle soif de voir se concrétiser ce rêve de gouvernance concertée. Deux jours durant, élus, citoyens et agents de l'administration ont dialogué et débattu de ce qui est le mieux à faire pour que Djanet profite réellement de ses richesses, et non pas de besoins ou de problèmes à échelle individuelle à régler. Un premier pas prometteur sur le chemin d'une décentralisation responsable et une gestion solidaire de la collectivité locale. Le diagnostic territorial de Djanet a décelé trois potentialités importantes à développer en priorité : le tourisme, l'agriculture et l'artisanat. Le comité de coordination et de suivi au niveau local du programme CapDel, composé de manière volontaire, d'élus, de membres de la société civile et d'agents de l'administration, a pour sa part insisté, entre autres recommandations, sur le renforcement du réseau routier, l'exploitation de toutes les ressources naturelles que recèle Djanet, et la réhabilitation des ksour.