L'actualité de ces derniers jours était chargée en enseignements et indicateurs politiques avec, cependant, une forte confusion sur les échéances mises en ligne de mire par les intervenants dans la vie nationale. Comme attendu, le ministre de l'Intérieur a sonné la charge, mercredi, dans une réunion en vidéoconférence avec les walis, pour le lancement de la campagne étatique en faveur d'une forte participation aux prochaines élections locales. Pour enrayer toute équivoque autour de la démarche des autorités, le ministre a précisé que la «campagne des services de l'Etat et des autorités locales, qui coïncide avec la compétition électorale, se veut un appel à une participation massive aux élections». Les walis ont reçu à cette occasion des instructions pour «intensifier les activités de proximité, les rencontres avec les acteurs de la société civile et les visites de terrain». Ces orientations volontaristes présentent quelques inconvénients, dont le premier est lié à la conjoncture financière du pays qui commande une réduction drastique des activités protocolaires, plus prosaïquement les visites de terrain. Elles coûtent plus qu'elles n'apportent et elles sont perçues par l'opinion publique comme de simples opportunités de promotion individuelle, avec l'apparat et la logistique de l'Etat. Aussi, et jusqu'à nouvelle révolution dans les mœurs politiques, les rencontres de proximité sont un moyen d'action des candidats sollicitant les suffrages des électeurs. Même si la forme reste à relativiser, l'intervention du ministre de l'Intérieur a le mérite de rappeler la proximité des élections locales d'où sortiront de nouvelles assemblées populaires, lesquelles, promet le représentant du gouvernement, «auront le privilège de mettre en place les ateliers de réformes en matière de gouvernance locale». Le défi est en effet prometteur, s'agissant de la rénovation des modes de gouvernance en faveur des collectivités locales, mais est-ce vraiment le but du pouvoir en place ? «La santé du Président s'améliore», informait, le même jour, mercredi, Lakhdar Brahimi après une entrevue avec le chef de l'Etat. Cette bonne nouvelle sur le plan humain peut, si elle est mise dans une perspective politique, alourdir davantage le climat général de la vie nationale. Une éventuelle campagne pour un 5e mandat présidentiel en 2019 ne serait rien d'autre qu'une contre-campagne aux élections locales de novembre prochain. Les «organisations de masse» n'ont rien fait, de leur côté, pour rassurer la société algérienne qui ambitionne de voir un jour un pouvoir à son image, dynamique, entreprenant et tourné vers l'avenir. L'UGTA et le FCE ont mis au futur leur soutien au président de la République, en se déclarant prêts à «s'impliquer davantage dans la mise en œuvre du programme présidentiel pour la construction nationale». Il est pourtant esquissé, dans la même motion de soutien signée par les organisations patronales et syndicales, les voies pour la construction nationale et la vision d'une «Algérie émergente, à la hauteur de ses ressources réelles et à la mesure des ambitions légitimes de son peuple».