Les poids lourds de la scène politique ne se sont pas encore définitivement prononcés sur la question. Rarement, depuis l'avènement du multipartisme, une élection présidentielle n'aura donné l'impression de susciter aussi peu d'engouement. Les candidats, tentés par cette expérience au caractère exceptionnel, puisqu'il s'agit de présider aux destinées de la nation pour une durée de cinq années, ne se bousculent guère au portillon, pour l'instant. L'opinion publique reste sur sa faim, les poids lourds de la scène politique ne se sont pas encore définitivement prononcés sur la question. Une candidature se profile et se dessine en la personne de cheikh Abdallah Djaballah pour défendre les couleurs du courant islamiste. Cette dernière semble même souhaitée. Elle reflète une des sensibilités de la société algérienne d'une part, et elle contribuerait, d'autre part, à rehausser ce scrutin à la saveur particulière. En ce qui concerne les trois partis de l'Alliance présidentielle (FLN, MSP et RND), l'affaire est scellée depuis belle lurette. Ils se sont prononcés pour une candidature unique: celle de Abdelaziz Bouteflika. Dès que le chef de l'Etat aura décidé de briguer la magistrature suprême, pour la troisième fois, ils entameront leur campagne, tambour battant. Abdelaziz Bouteflika semble avoir, d'ores et déjà, opté pour qu'elle soit courte et efficace. Et c'est sans aucun doute la seule explication logique à donner à ce que d'aucuns s'évertuent à qualifier de retard. Quand le Président annoncera-t-il son intention de briguer un troisième mandat? C'est la question qui est sur toutes les lèvres. Au contraire des partis de l'opposition (RCD, FFS, PT), ceux de l'Alliance présidentielle sont décidés à se lancer dans la course. Tout en apportant un soutien sans faille à leur champion, Abdelaziz Bouteflika, ces trois formations politiques tiennent cependant à se distinguer. A moins qu'elles n'aient décidé de se partager la tâche. Cette hypothèse reste cependant à démon-trer, eu égard aux divergences qui ont animé ce pôle politique. Le Mouvement de la société pour la paix s'investit dans un créneau qui, pourtant, n'est pas son terrain de prédilection. Les libertés individuelles et la démocratie. Le président du MSP veut leur accorder une attention particulière durant cette campagne présidentielle. «Il faut accorder plus d'importance aux libertés individuelles, à la démocratie et aussi davantage d'intérêt à la vie sociale», a souligné, ce week-end, Bouguerra Soltani. Le parti du Premier ministre a, lui aussi, de son côté, annoncé la couleur. Le Rassemblement national démocratique a tranché pour une stratégie basée sur la proximité. Et cela ne date pas d'hier puisque autant pour les dernières élections législatives que pour les élections locales (APC, APW) du 29 novembre 2007, la formation politique de Ahmed Ouyahia a pris en compte les priorités et les préoccupations quotidiennes des citoyens. Logements, chômage, malvie...furent les aspects auquels le RND a tenté d'apporter des solutions. La trajectoire semble être maintenue avec ce scrutin d'importance qui va engager l'avenir du pays pour cinq ans. «La gouvernance locale doit être au centre du débat et on fera tout pour qu'elle le soit lors de l'élection présidentielle», a fait savoir un des hommes forts du Rassemblement national démocratique, Chihab Seddik. Le RND compte bel et bien envoyer ses militants au charbon. «Nous sommes appelés à vulgariser et expliquer», a indiqué le député du Rassemblement national démocratique. De son côté, le Front de libération nationale, qui a activé sans relâche pour la révision de la Constitution, a décidé d'orienter sa stratégie plus vers un travail de coulisses. De la discrétion mais surtout de l'efficacité pour donner plus de tonus à la campagne présidentielle, semble dire Abdelaziz Belkhadem. «Nous allons installer une commission d'experts en communication pour élaborer le programme de la campagne électorale», a confié le secrétaire général du FLN. Qu'en est-il des partis de l'opposition? Pour le FFS, cela ne semble pas encore être tranché. Louisa Hanoune campe dans ce qu'il est désormais appelé «la critique positive». Ses cibles sont bien connues. Les privatisations et le secteur des hydrocarbures sont devenus pour la probable candidate du Parti des travailleurs des constantes nationales. Sa campagne s'articulera certainement autour de ces thèmes. Quant au Rassemblement pour la culture et la démocratie, l'obstacle majeur semble être levé puisque la présence d'observateurs étrangers qu'il réclamait, à cor et à cri, est en voie d'être satisfaite. «Si les responsables de partis tiennent à la présence d'observateurs étrangers, pourquoi pas...», a indiqué le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Noureddine Yazid Zerhouni. La balle est donc, dans le camp de Saïd Sadi. Tous ces frétillements sont annonciateurs d'un emballement de l'élection présidentielle qui ne saurait tarder.