Programmé jeudi dernier, le procès du général à la retraite Hocine Benhadid a été reporté au 14 décembre prochain par le tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger. Le juge a justifié sa décision par le fait qu'il s'agit d'une première programmation et qu'il faut donner le temps au mis en cause de se préparer. S'appuyant sur une canne, le général avançait difficilement pour se faire une place sur les bancs de la salle en ce début de matinée pluvieux. Le 16 juillet 2016, la chambre d'accusation, et après neuf mois de détention, avait renvoyé son affaire devant le tribunal correctionnel, en qualifiant les faits pour lesquels il est poursuivi d'«offense à la personne du Président et à l'institution militaire», contenus dans les articles 144 et 145 du code pénal qui prévoient une sanction pécuniaire de 100 000 à 500 000 DA. Dès le renvoi du jugement au 14 décembre prochain, ses avocats, Mes Khaled Bourayou et Bachir Mechri ont demandé la levée de la mesure de contrôle judiciaire, mais le juge n'a pas donné de réponse. Agé de 72 ans, Hocine Benhadid avait été intercepté à la fin du mois de septembre 2015, en plein milieu de l'autoroute, par des gendarmes qui l'ont sorti de sa voiture pour l'embarquer brutalement à bord d'un de leurs véhicules au siège de la brigade de recherche à Bab J'did, à Alger. C'était quelques jours seulement après ses déclarations enflammées contre le frère du Président, Saïd Bouteflika, Ali Haddad, le patron du FCE (Forum des chefs d'entreprise) et surtout contre le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Son incarcération a suscité moult interrogations, d'autant que la sortie de Benhadid n'était pas la première. Une année auparavant, il s'était attaqué avec virulence à l'entourage du Président sans que cela ne suscite une quelconque réaction. Trente-quatre jours après avoir quitté les geôles d'El Harrach, Benhadid s'est déclaré «convaincu» que son incarcération avait été décidée sur la base d'un «accord» entre El Mouradia (la Présidence) et les Tagarins (ministère de la Défense). L'ancien ministre Ahmed Merani et l'ex-DG du CIP poursuivis Durant la même audience, une autre affaire dans laquelle sont poursuivis l'ancien ministre des Affaires religieuses, Ahmed Merrani, l'ancien responsable du CIP (Centre international de presse), Bediar, et le patron de la chaîne Al Atlas, fermée par les autorités en mars 2014, ainsi qu'un représentant d'un parti politique de Blida, a été renvoyée au 30 novembre prochain. Ajourné à plusieurs reprises, ce procès concerne en réalité deux affaires en même temps. Ahmed Merrani est poursuivi pour «détention d'arme à feu sans autorisation», trouvée à son domicile lors d'une perquisition effectuée par les gendarmes à la suite de ses déclarations sur la chaîne privée, alors que l'ancien responsable du CIP est, quant à lui, inculpé pour «dilapidation de deniers publics» pour avoir mis à disposition de la chaîne des équipements sans que les frais de location ne soient encaissés. En tout, six personnes sont mises en cause dans ce dossier. A chaque fois, Ahmed Merrani et ses avocats n'ont cessé de demander de séparer l'affaire de son arme à feu de celle de la chaîne Al Atlas, mais le juge a refusé la demande. Jeudi dernier, il a décidé de la programmer en audience spéciale, consacrée uniquement à l'affaire, a-t-il expliqué, en raison de son importance. l'Affaire Tiguentourine en délibéré jusqu'au 22 octobre… Très tard dans la soirée de mercredi dernier, la chambre d'accusation près la cour d'Alger a décidé de garder en délibéré l'affaire de Tiguentourine jusqu'au 22 octobre, a-t-on appris de source judiciaire. L'examen de ce dossier aussi lourd que complexe, dans lequel quatre accusés, dont un Tunisien et plus d'une dizaine d'autres en fuite, parmi lesquels Mokhtar Belmokhtar, émir de la phalange El Moualthamoune (Les enturbannés), qui active dans la région du Sahel, sont poursuivis pour de nombreux chefs d'accusation liés au terrorisme. Après quatre années d'enquête judiciaire, ils ont été reconnus coupables par le juge d'instruction du pôle pénal spécialisé de la plus meurtrière des opérations terroristes, menée le 16 janvier 2013, contre le complexe gazier de Tiguentourine, à In Aménas, par un commando de plus d'une trentaine d'éléments de différentes nationalités puissamment armés, dont 27 ont été éliminés par les forces de sécurité lors de l'assaut pour libérer les otages, parmi lesquels, malheureusement, 37 ont péri. La chambre d'accusation devra donc statuer sur le sort des quatre présumés terroristes en détention, dont trois ont été arrêtés sur les lieux au moment des faits, et le quatrième quelque temps plus tard.