Le général à la retraite, Hocine Benhadid, sera jugé le 19 octobre courant par le tribunal de Sidi M'hamed, près la cour d'Alger. La programmation de son procès a surpris plus d'un, y compris ses avocats. L'un d'eux, Me Bachir Mechri, s'attend à un renvoi en raison, dit-il, de la nature du dossier et du contexte… Très attendu, le procès du général à la retraite Hocine Benhadid aura lieu le 19 octobre, apprend-on de source judiciaire. Pour Me Bachir Mechri, un de ses avocats, «il est peu probable que l'affaire soit examinée en raison de sa nature et du contexte dans lequel elle est programmée.» Il s'attend donc à un renvoi pur et simple d'autant, souligne-t-il, qu'il s'agit de la première programmation. «Depuis juillet 2016, le général à la retraite attend son procès. Jamais une affaire correctionnelle n'a attendu 15 mois pour être jugée. La chambre d'accusation a requalifié les faits et n'a retenu que deux chefs d'inculpation liés à l'offense à la personne du Président ou à l'institution militaire, contenus dans les articles 144 et 145 du code pénal et qui prévoient une sanction pécuniaire de 100 000 à 500 000 DA. Raison pour laquelle le juge d'instruction ne pouvait garder le prévenu en prison. Il l'a libéré en juillet 2016, après neuf mois de détention au niveau de l'établissement pénitentiaire d'El Harrach à Alger», explique Me Mechri, qui précise par ailleurs que les articles sur la base desquels le général à la retraite sera jugé sont les mêmes appliqués au défunt journaliste freelance, Mohamed Tamalt, mort après une grave détérioration de sa santé, à la suite d'une grève de la faim qu'il a entamée en prison pour dénoncer les circonstances de son arrestation, de sa détention et de sa condamnation. Agé de 72 ans, Hocine Benhadid, ancien commandant de la 8e division blindée, qui était au premier rang de la lutte antiterroriste durant la décennie rouge, avait été intercepté à la fin du mois de septembre 2015 en plein milieu de l'autoroute par des gendarmes qui l'avaient sorti de sa voiture pour l'embarquer à bord d'un de leurs véhicules et le conduire au siège de la brigade de recherche à Bab J'did, à Alger. C'était quelques jours seulement après ses déclarations enflammées contre le frère du Président, Saïd Bouteflika, Ali Haddad, le patron du FCE (Forum des chefs d'entreprise), et surtout contre le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Son incarcération a suscité de nombreuses interrogations, d'autant que la sortie de Benhadid n'était pas la première. Une année auparavant, il s'était attaqué avec virulence à l'entourage du Président, sans que cela ne suscite une quelconque réaction. Dans leur première sortie médiatique, ses avocats avaient mis en garde contre la dégradation de son état de santé en raison du cancer de la prostate qui le rongeait. Les nombreuses demandes de liberté motivées par un dossier médical n'ont malheureusement pas été acceptées et le général à la retraite a dû attendre neuf longs mois en prison, avant que son affaire ne soit correctionnalisée et sa mise en liberté effective en vertu de la loi. Trente-quatre jours après avoir quitté les geôles d'El Harrach, il réunit quelques journalistes et parle des circonstances de sa libération. «En fait, il y a eu la visite à la prison d'El Harrach d'une mission du CICR. Le premier jour, l'un des représentants m'a juste demandé mon nom. Il est revenu le deuxième jour pour me poser une série de questions sur mon état de santé. Le lendemain, j'ai été libéré. Est-ce qu'il y a un lien entre les deux ? C'est possible…», avait-il déclaré. Benhadid est «convaincu» que son emprisonnement et sa libération «ont été décidés sur un simple coup de téléphone (…)». «Je suis resté 286 jours en prison et j'ai été auditionné durant 30 heures. Je suis entré en prison sur un coup de fil suite à mes déclarations sur la chaîne de télévision Al Magharibia qui auraient fait peur aux décideurs des années 90'.» Pour lui, «entre El Mouradia (la Présidence) et les Tagarins (ministère de la Défende) il y a eu un accord» pour son incarcération. Il termine en adressant un message à l'opinion publique : «Il est important de savoir que Benhadid n'a pas marchandé sa libération et qu'il est toujours aussi convaincu de ce qu'il a dit et qui lui a valu la prison. Il continuera à exprimer ses avis quel qu'en soit le prix. C'est une question de temps. Le plus urgent, pour l'instant, est de m'occuper de ma santé, qui s'est sérieusement détériorée en prison.» Après avoir retrouvé sa liberté, il n'a pu obtenir une prise en charge à l'étranger pour subir une opération chirurgicale très lourde. Il a fini par la faire, avec succès, à Alger. Très attendu, son procès s'annonce très riche en révélations, étant donné que Benhadid ne compte nullement revenir sur les propos qu'il a tenus et qui lui ont valu des poursuites judiciaires.