La chambre d'accusation près la cour d'Alger a confirmé, hier, le mandat de dépôt contre le général Hocine Benhadid, poursuivi pour «participation à une entreprise d'atteinte au moral des troupes» et «détention d'arme à feu et de munitions de guerre». La décision intervient 48 heures après la confirmation, par la même juridiction, du mandat de dépôt contre son fils, qui fait l'objet d'une poursuite pour une autre affaire. Alors que tout le monde s'attendait à une issue favorable à l'affaire du général à la retraite Hocine Benhadid, la décision de confirmer le mandat de dépôt dont il fait l'objet est tombée hier comme un couperet. Le recours contre le mandat de dépôt décidé par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed a été rejeté par la chambre d'accusation près la cour d'Alger, confirmant ainsi la détention provisoire du mis en cause à la prison d'El Harrach. Contactés, les deux avocats de l'officier supérieur de l'ANP se sont déclarés «surpris». Pour maître Khaled Bourayou, «le général, qui a rejoint les rangs de l'ALN à 17 ans, devient aujourd'hui un criminel. La cour n'a pas pris en compte notre demande malgré la batterie de nullités soulevées par la défense, à commencer par la mise en garde à vue qui s'est faite sans en informer préalablement le ministère public, la violation des articles 51 et 52 du code de procédure pénale, le fait que les deux enquêteurs qui ont interrogé le prévenu n'aient pas paraphé les procès-verbaux d'audition. Jamais un dossier n'a été surdosé de nullités. D'autre part, la chambre d'accusation n'a pas pris en considération l'état de santé du général, ce qui montre que le séjour à la prison du général Benhadid, avec une santé défaillante et dont la responsabilité de l'aggravation incombe à ceux-là mêmes qui l'ont mis dans cette situation, risque d'être très long. Cela démontre aussi que l'esprit dans lequel a été amendé le code de procédure pénale pour faire de la détention une mesure d'exception se trouve limité». Pour sa part, maître Bachir Mechri, tout en confirmant le rejet par la chambre d'accusation du recours contre la mise sous mandat de dépôt, évite de faire un quelconque commentaire sur la décision, se contentant de lancer : «Nous nous plaindrons à Dieu.» Il y a une semaine, les deux avocats de l'officier supérieur ont dénoncé, dans une conférence de presse, les «nombreuses» violations de la procédure et qualifié l'arrestation de leur mandant en pleine autoroute, par les gendarmes, de «guet-apens», tout en affirmant que le dossier qui leur a été remis par le juge d'instruction ne comporte aucune plainte. «Dans le procès-verbal d'audition établi par les gendarmes, il est clairement indiqué que le général a été arrêté le mercredi 30 septembre 2015 à 18h, dans un guet-apens dressé par les gendarmes sur l'autoroute. Ils ont encerclé sa voiture, l'ont fait descendre brutalement pour l'embarquer à bord d'un de leurs quatre véhicules qui se sont dirigés vers le siège du commandement de la gendarmerie, à Chéraga. e mis en cause a été interrogé sur les déclarations qu'il avait faites le 21 septembre à partir de son domicile à Ben Aknoun», ont déclaré les avocats, en concluant : «Toutes ces violations constituent des motifs avérés de nullité de la procédure. Ce qui est étrange, c'est qu'en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed n'est pas territorialement compétent dans la mesure où le mis en cause a fait ses déclarations chez lui, à Ben Aknoun, une circonscription qui relève de la compétence du tribunal de Bir Mourad Raïs.» Autant de griefs soulevés par les avocats et qui, selon eux, ont fait l'objet d'un mémoire demandant la nullité de la procédure et la mise en liberté du général à la retraite. «Ceux qui ont engagé cette affaire veulent en faire une affaire politique. Mais nous voulons qu'elle reste dans le domaine du droit. Le général a été arrêté mercredi à 18h. Il a été présenté le lendemain à 10h, puis placé sous mandat de dépôt à 23h30. Est-ce de cette manière qu'on récompense ceux qui ont servi le pays ? Pour nous, il n'y a pas de doute : les déclarations du général sont à l'origine de la mise sous mandat de dépôt de son fils et de son incarcération. Parce que cette affaire de son fils a éclaté le 17 septembre. Le fils a été entendu puis relâché. Le 29 septembre, le procureur demande à la police judiciaire de le convoquer et de le mettre en garde à vue. C'est la première fois que nous sommes confrontés à une affaire où c'est le procureur qui ordonne la en garde à vue alors qu'il est censé ordonner la fin de la garde à vue. Entre les deux dates, il y a eu les déclarations du général, faites le 21 septembre», disent les avocats, avant de s'interroger : «A-t-on besoin de toutes ces violations pour mettre en prison un général ?»