Le collectif d'avocats du général à la retraite Hocine Benhadid rappelle que "la détention provisoire est motivée par les besoins de l'instruction et non pas par le désir de vengeance contre une personne". Khaled Bourayou, Mustapha Bouchachi et Bachir Mechri, trois avocats du collectif de défense du général à la retraite Hocine Benhadid, ont organisé hier, à Alger, une conférence de presse pour dénoncer le refus du juge d'instruction d'accorder pour la septième reprise la liberté provisoire à leur client. Aussi, le collectif d'avocats a fait savoir que la détention provisoire du général Benhadid, sous mandat dépôt depuis 1er octobre 2015, a été encore une fois prolongée de quatre mois. "Nous avons décidé d'organiser une conférence de presse à chaque fois qu'il y a une demande de liberté provisoire, car, apparemment, ils veulent jouer la carte de l'oubli...", a d'emblée lancé Me Bourayou. Et c'est justement, explique de son côté Me Mustapha Bouchachi, "parce que nous n'avons pas pu obtenir un résultat à travers des procédures judiciaires que nous avons décidé d'impliquer et prendre à témoin l'opinion publique". Me Mustapha Bouchachi rappelle à ce propos que "la détention provisoire est motivée par les besoins de l'instruction et non pas par le désir de vengeance contre une personne". Sans quoi, fait-il remarquer, "Hocine Benhadid n'aurait pas été entendu par le juge d'instruction seulement à deux reprises et pour une durée d'à peine une heure et demie, alors qu'il est en détention provisoire depuis 9 mois". C'est dans ce sens que Me Khaled Bourayou explique que "lorsque le magistrat renouvelle le mandat de dépôt, cela veut dire qu'il est dans une logique d'instruction ; qu'il y a des témoins à convoquer et des auditions à faire... ce qui n'est pas le cas dans l'affaire Benhadid". D'ailleurs, relève le même avocat, "Hocine Benhadid est poursuivi pour tentative de déstabilisation et mis à part sa canne (l'accusé est âgé de 72 ans et est très malade, ndlr) on ne lui connaît pas encore de complices". Ce pourquoi il considère que "cette affaire aurait pu être réglée dans le strict cadre de la diffamation... pour peu qu'il y ait plainte et que l'on connaisse l'identité des plaignants". Toutes ces données font que Me Bachir Mechri estime, à son tour, que l'"incarcération de Hocine Benhadid n'est pas un fait juridique mais plutôt une affaire politique qui tend à assouvir certaines volontés". Il regrette, à cet effet, que "la justice algérienne soit devenue un instrument pour faire peur aux gens et leur interdire la parole". Car après tout, rappelle-t-il, "Hocine Benhadid n'a fait qu'intervenir sur une chaîne radio électronique". Et ce n'est certainement pas un hasard si on a décidé de procéder à l'extension de l'obligation de réserve des militaires même après cessation définitive de leur activité. Sur cette question, le message est clair aux yeux Me Bachir Mechri : "Celui qui parle connaîtra le même sort que Hocine Benhadid." Sur ce chapitre, Me Mustapha Bouchachi relève que "les deux lois organiques sont anticonstitutionnelles". Il ne comprend pas d'ailleurs "comment en 2016 tous les pays du monde avancent dans les domaines des libertés et l'Algérie enregistre un tel recul". Pour lui, le comble réside dans le fait que l'"on procède à l'amendement d'une Constitution et on la présente comme une révolution en matière de libertés, alors que l'on produit en même temps des lois contraires". Ce qui est, bien entendu, source d'inquiétude pour Me Khaled Bourayou, puisqu'il conclut : "Après la remise en cause du droit à la propriété dans l'affaire El Khabar, ainsi que la limitation du droit de circuler dans bien des cas, c'est le droit à la parole que l'on interdit maintenant. Si cette loi passe, c'est le prélude à toutes les restrictions." Mehdi Mehenni