Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a averti que la crise en Catalogne peut mener à une «dislocation dangereuse». Il a souhaité que les élections annoncées par Madrid permettent de «clarifier la situation». Le président du Parlement européen, l'Italien Antonio Tajani, a estimé hier que l'Europe doit «craindre» la multiplication des petites patries, à l'heure où la Catalogne bataille pour son indépendance et où les régions italiennes de Lombardie et de Vénétie votent pour plus d'autonomie. L'Europe doit «bien sûr craindre» la multiplication des petites patries, a expliqué Antonio Tajani dans un entretien publié par le quotidien romain Il Messaggero. «C'est pourquoi personne en Europe n'a l'intention de reconnaître la Catalogne en tant qu'Etat indépendant», a-t-il souligné. «Même Theresa May (le Premier ministre britannique), en plein Brexit, a dit que le Royaume-Uni ne reconnaîtrait jamais la Catalogne», a-t-il poursuivi. Selon M. Tajani, «l'Espagne est par son histoire un Etat unitaire, avec de nombreuses autonomies, avec des populations diverses, qui parlent aussi des langues différentes, mais qui sont un Etat unitaire». «Ce n'est pas en abaissant la bannière nationale qu'on renforce celle de l'Europe», a-t-il assuré. Antonio Tajani, qui appartient au groupe PPE (droite), prend soin de distinguer le référendum catalan de ceux de Lombardie et de Vénétie, deux régions italiennes qui ont voté hier pour demander plus d'autonomie. «D'abord ces deux référendums (en Lombardie et Vénétie) sont légitimes, ce qui n'était pas le cas en Catalogne», a-t-il précisé. «Et puis le référendum catalan était pour l'indépendance, alors que la Lombardie et la Vénétie demandent plus d'autonomie. Attention, donc, à ne pas interpréter les référendums de dimanche comme l'amorce d'une saison indépendantiste.» «En Espagne, il ne s'agit pas d'autonomie mais d'une proclamation d'indépendance au mépris de l'Etat de droit et contre la Constitution espagnole, qui est le fruit d'un référendum illégal promu en violant les règles de l'autonomie catalane», a conclu Antonio Tajani. De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a averti que la crise en Catalogne peut mener à une «dislocation dangereuse». Il a souhaité que les élections annoncées par Madrid permettent de «clarifier la situation». «M. Rajoy a annoncé des élections au plus vite en Catalogne. Je souhaite qu'elles permettent de clarifier la situation et de retrouver le chemin d'un dialogue constructif», a déclaré M. Le Drian dans un entretien au Journal du Dimanche. «Ce qui m'importe dans cette affaire, c'est qu'il y a un Etat de droit à respecter et qu'il soit partout la référence centrale de la construction européenne. Dès que l'on sort du cadre constitutionnel au sein des pays de l'Union, on se retrouve dans une situation de dislocation dangereuse», a déclaré M. Le Drian, prônant un «dialogue» dans un «cadre légal». L'UE a jusqu'à présent clairement écarté l'idée de jouer un rôle de médiateur dans la crise, soutenant la position de Madrid. Pour leur part, les dirigeants indépendantistes de Catalogne se sont faits discrets hier sur leurs intentions. «Nous devrons prendre les décisions avec un maximum d'unité», a martelé Jordi Turull, le porte-parole du gouvernement séparatiste catalan après avoir dénoncé «un coup d'Etat contre les institutions de Catalogne». A rappeler que le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a annoncé samedi qu'il demandera au Sénat de l'autoriser à mettre en œuvre l'article 155 de la Constitution, pour prendre le contrôle de l'exécutif catalan, de la police régionale et mettre sous tutelle le Parlement, avec en ligne de mire l'organisation d'élections régionales début 2018. Le Sénat devrait en principe voter ces mesures en séance plénière vendredi. La décision de Mariano Rajoy intervient au moment où les indépendantistes menacent de déclarer unilatéralement l'indépendance de cette région où vivent 16% des Espagnols.