Le bras de fer se durcit entre Barcelone et Madrid. Les indépendantistes catalans, au lendemain du non de l'Ecosse, se disent plus déterminés que jamais à poursuivre leur chemin vers leur référendum du 9 novembre, malgré l'opposition du gouvernement espagnol, très heureux lui du vote écossais. Ainsi, alors que l'Europe avait les yeux rivés sur l'Ecosse, la Catalogne lançait une nouvelle étape vers le vote que les indépendantistes veulent organiser sur le maintien ou non au sein de l'Espagne. Contournant l'opposition de Madrid, le Parlement régional a approuvé une loi autorisant une consultation populaire, à caractère non contraignant. Le président catalan Artur Mas est convaincu que Madrid finira par céder devant la mobilisation ininterrompue des indépendantistes, la majorité écrasante des Catalans, et autoriser le processus référendaire. "Ce que nous avons vu en Ecosse et au Royaume-Uni, c'est le bon chemin", a-t-il tenté d'assurer ses militants sans allusion aucune au résultat de la consultation électorale, à savoir que les Ecossais restent dans la maison mère britannique. Artur Mas se dit d'autant confiant qu'il rappelle le vote à blanc organisé en 2009 dans un village catalan qui a mesuré le passage du sentiment autonomiste à celui carrément indépendantiste. Le oui, massif, avait provoqué un effet domino et en deux ans, 554 municipalités de la région avaient organisé leur propre scrutin. Depuis, les aspirations à l'indépendance n'ont cessé de croître en Catalogne, privée en 2010, sur décision de la justice espagnole, d'une partie de son statut d'autonomie élargie, nourrissant davantage les ressentiments envers Madrid. Ce processus indépendantiste a évolué en parallèle avec le dynamisme économique, sociale et culturelle de la province, devenue de loin la plus prospère d'Espagne, voire de l'Union européenne. Dépités par le vote écossais, les Catalans disent que l'important est qu'eux ont pu voter, et pas nous, avertissant Madrid que s'il persistait dans son refus d'un référendum, son gouvernement ferait naître des milliers d'indépendantistes de plus. Les Catalans accusent Madrid de répartir inégalement les richesses produites par leur région. C'est également la revendication première des indépendantistes écossais dont le pétrole est partagé dans tout le Royaume-Uni. La réponse du gouvernement espagnol, conforté par le verdict des urnes en Ecosse, s'appuyant sur la Constitution pour refuser à une de ses régions le droit de décider seule de son avenir, est maintenant attendue par le biais d'un recours devant le Tribunal constitutionnel. "Nous sommes très heureux que l'Ecosse reste avec nous", a réagi vendredi le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, se félicitant que ses électeurs aient rejeté l'aventure de la scission. Mais, pourra-t-il rester de marbre face à la montée des indépendantistes, à leur détermination ? Le leader des indépendantistes catalans, Artur Mas, un conservateur allié aux indépendantistes de gauche du parti ERC, a promis de n'agir que dans la légalité pourrait lui aussi se retrouver dans l'impasse, si le Tribunal constitutionnel tranchait dans le sens du gouvernement central. Ce qui aux yeux de Madrid est une certitude. Le non écossais a d'ores et déjà porté un coup sévère au projet indépendantiste catalan. Et toutes les capitales de l'Union européenne se félicitaient que l'Ecosse n'ait pas créé de précédent indépendantiste dans leur sphère. Nom Adresse email