S'il est bien un ministère qui s'active, travaille et entreprend, c'est le ministère des Affaires religieuses. Campagne pour la prévention du sida à travers la mobilisation de tous les imams du pays et à la place du ministère de la Santé, campagne contre la corruption avec les mêmes imams, mais à la place du ministère de la Justice, traque de faux corans et de décibels de mosquées. Dernière opération en date, Ghlamallah Bouabdallah, le seul ministre à avoir deux fois le nom de Dieu dans sa carte d'identité, a expliqué que l'alcool ne doit pas être interdit, prenant à contre-pied le MSP qui juge devoir le prohiber. Si, bien sûr, ce n'est ni au MSP ni à un quelconque ministère de décider à la place des Algériens ce qu'ils veulent boire, de l'eau de Javel, de la bière Mehri ou du Coca américain, le ministre des Affaires religieuses a, là aussi, réagi en républicain soucieux des libertés. Y a-t-il danger à laisser les affaires religieuses empiéter sur les prérogatives des autres ministères ? Peut-être que oui, confier les affaires du pays aux religieux n'étant pas normal. Mais peut-être que non, les idées censées émaner d'autres ministères ne passant par les affaires religieuses que pour obtenir un sceau de moralité. Seule fausse note en tous les cas, la récente opération de la prière de la pluie, la salat el istisqa', organisée par Bouabdallah. Elle n'a pas marché, il n'a pas plu. On ne connaît pas la réaction du ministère des Ressources en eau, dont c'est la prérogative de trouver de l'eau aux Algériens assoiffés, et qui a réussi à faire passer des stations de dessalement d'eau pour des stations spatiales, des années s'étant consommées sans qu'elles ne voient le jour. Peut-être que le ministre Sellal est soulagé que Bouabdallah n'ait pas réussi à faire tomber de l'eau. Mais peut-être que Bouabdallah est innocent. Parce que peut-être personne n'a prié.