Le Conseil de sécurité tient mardi une réunion sur la situation en Palestine    Rencontre entre le nouveau wali et la société́ civile    face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, pour un nouveau management stratégique    L'Algérie attire l'intérêt de 37 entreprises pour investir dans les hydrocarbures    Candidat des néonazis à la présidence en Ukraine    Zelensky se dit prêt à démissionner s'il le faut pour la paix ou pour l'adhésion à l'Otan    Le bloc conservateur CDU/CSU remporte les élections anticipées au Bundestag    CAN-2026 féminine : Les Algériennes poursuivent leur préparation à Alger    Celui que l'on surnomma «le Kenyan Blanc»    Ligue 1 Mobilis : Le MCA s'impose face au PAC et conforte sa place de leader    L'auteur du vol des portables dans les mailles de la police    Deux dealers en possession de 377 capsules de psychotropes arrêtés    Une route impraticable    Merad visite le siège de la Direction générale du trafic du Ministère espagnol de l'Intérieure    « La consécration constitutionnelle de tamazight a porté ses fruits sur le terrain »    Mas Puro Verso à Montevideo, le paradis des lecteurs    Ballalou réaffirme l'intérêt de l'Etat pour La Casbah d'Alger    Rebiga rend hommage à Managua aux héros de la République du Nicaragua    APN : le ministre de la Culture présente l'état et les perspectives du secteur devant la Commission de la culture, de la communication et du tourisme    Takdjout salue l'engagement du président de la République à consolider les acquis des travailleurs et à préserver le caractère social de l'Etat    Allocution du président de la République à l'occasion du double anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures    Le ministre des Sports appelle la presse nationale à faire front face aux attaques extérieures    Recyclage: les entreprises algériennes mettent en avant leur savoir-faire au salon Plast & Printpack Alger    Nécessité de promouvoir la culture des droits de l'Homme et la diffuser auprès des étudiants    Tindouf: le groupe Sonatrach accorde une aide de dix millions DA aux associations et clubs sportifs locaux    Saihi reçoit une délégation du SNASFASP    Le ministre de la Communication appelle la presse nationale à faire preuve de professionnalisme    Attaf reçoit un appel téléphonique de son homologue libyen    Chanegriha salue la dynamique diplomatie    Equipe nationale de Futsal: les Verts en stage de préparation à Fouka    Décès de trois militaires à Ain Temouchent: Boughali présente ses condoléances    Cisjordanie occupée: l'agression sioniste contre la ville de Jénine et son camp se poursuit pour le 35e jour consécutif    Ballalou réaffirme l'intérêt de l'Etat pour la Casbah d'Alger en tant que monument culturel, touristique et social    Judo / Open Africain d'Alger : la sélection algérienne termine en beauté    Le ministre de l'Intérieur installe Kamel Berkane en tant que nouveau wali    Un Bastion de l'Élite        L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Les revenus de près de la moitié des ménages ne sont pas connus»
Alexandre Kateb. Economiste et conseiller en stratégie
Publié dans El Watan le 26 - 10 - 2017

- Le ministre des Finances vient d'annoncer que le ciblage des subventions devrait commencer à prendre effet d'ici deux ans, avec la mise en place d'un fichier national à cet effet. Cette échéance est-elle réaliste ?
Avant de parler d'échéance, il faut savoir de quoi on parle sur le fond. Est-ce qu'on parle d'un fichier de ciblage des plus nécessiteux, et selon quels critères ? D'un ciblage des ménages dont les revenus sont inférieurs à un certain seuil, relatif ou absolu ? Selon les derniers chiffres officiels datant de 2011, 5,5% de la population algérienne serait en dessous du seuil de pauvreté — soit autour de 2 millions de personnes. Mais la Banque mondiale évaluait récemment à 10% la population supplémentaire susceptible de retomber dans la pauvreté — soit 4 millions de personnes supplémentaires — en cas de prolongement ou d'aggravation de la crise.
On arrive donc à 15% de la population, soit 6 millions de personnes. Maintenant, si on ajoute à cela les classes moyennes, on est sur des ordres de grandeur totalement différents. Selon une enquête de l'ONS datant de 2010, 80% des ménages algériens consacraient — et consacrent sans doute toujours — près de 50% de leurs dépenses à l'alimentation et près de 20% au logement, soit un plancher incompressible de 70% des dépenses totales, le transport et les communications ne représentant que 6% à 7% des dépenses.
La question du ciblage est donc loin d'être simple, les ménages algériens dépendant pour une très large majorité d'entre eux des subventions. En réalité, il faut surtout identifier les 20% à 30% des ménages les plus aisés, et qui profitent de manière disproportionnée de ces subventions.
- Le gouvernement est-il en mesure d'asseoir un ciblage équitable des subventions, compte tenu du poids de l'informel en Algérie ?
La question se pose en effet. Selon la même enquête de l'ONS citée plus haut, 45% de l'emploi total non agricole étaient dans l'informel en 2011. Si ce ratio n'a pas changé, cela représente actuellement près de 4,7 millions de travailleurs, et presque autant de ménages, compte tenu du faible taux de travail des femmes (16,5% contre 67% pour les hommes).
On ne connaît donc pas les revenus de près de la moitié des ménages. Ce qui ne permet pas de mener une politique de transferts monétaires ciblés décidée et mise en œuvre de manière centralisée. Or, la question de l'économie informelle est très complexe et ne pourra être résolue en quelques années, d'autant que la hausse de la pression fiscale exigée par le redressement des comptes publics risque de faire basculer un certain nombre d'entreprises dans la sphère informelle. Il faut donc emprunter d'autres voies pour réaliser le ciblage des subventions.
- L'action sociale de l'Etat qui pèse pour près d'un quart de son budget est-elle viable à court et moyen termes au vu du contexte actuel d'assèchement des ressources publiques ?
La réponse est, bien entendu, négative. Mais la question des subventions est multidimensionnelle. Une bonne partie des subventions n'est pas comptabilisée au budget. Il s'agit des subventions implicites liées à l'énergie et à l'eau (carburants, électricité, gaz de ville, eau) qui pourraient représenter autant que l'ensemble des transferts sociaux inscrits au budget.
Au total, l'ensemble des subventions implicites et explicites pourraient représenter 20% à 25% du PIB, dont la moitié serait liée à l'énergie. C'est énorme. Et cela est d'autant moins viable que ces subventions sont inéquitables — profitant autant sinon plus aux 30% des ménages les plus aisés qu'aux 70% restants — et qu'elles sont en partie détournées de leur objet à travers divers mécanismes.
Est-ce normal de subventionner le sucre et la farine utilisés pour fabriquer des pâtisseries ? Sachant que cette farine est en grande partie issue de céréales importées. De même, dans le secteur du lait, les subventions profitent plus aux importateurs de la poudre de lait et aux transformateurs qu'aux producteurs locaux.
De manière plus fondamentale, les subventions à l'énergie accélèrent l'extinction des réserves en hydrocarbures, car au rythme actuel de croissance de la consommation domestique, l'Algérie n'exportera plus de pétrole ni de gaz d'ici 15 à 20 ans. Cela empêche aussi de développer les énergies renouvelables qui peinent à concurrencer des énergies fossiles à un prix maintenu artificiellement bas.
Enfin, cela crée des rentes de situation pour des industries énergivores et fortement émettrices en carbone. Pour toutes ces raisons, il faut réduire drastiquement les subventions implicites et rationaliser les subventions explicites en en faisant des leviers de transformation de l'économie et de transition énergétique, et non de recyclage de la rente des hydrocarbures selon une approche populiste et clientéliste.
- Le gouvernement est-il réellement à même de concilier entre ses objectifs de stabilité politique et sociale et la nécessité d'un ciblage du système public des subventions ?
On peut concilier les deux, à condition de bien expliquer ce que l'on cherche à faire et à engager un dialogue avec l'ensemble de la société civile sur cette question épineuse. Il ne s'agit pas uniquement d'appliquer de ci de là quelques ajustements cosmétiques pour renflouer le budget et donner le change au FMI et à la Banque mondiale. Il s'agit, à travers cette question des subventions, d'élaborer et de proposer un nouveau pacte économique et social aux Algériens.
Cela passe aussi par une relance de la diversification économique et de la création d'emploi dans les secteurs productifs, seules à même d'élever de manière durable les revenus des Algériens et de couper le cordon ombilical avec la rente, et avec sa redistribution sous forme de politiques sociales tous azimuts.
L'élection présidentielle de 2019 pourrait être l'occasion de mettre ce sujet au cœur des débats, et d'envisager une refondation de l'économie sur de nouvelles bases. Il y a un consensus sur la nécessité des réformes, mais il faut inscrire ces réformes dans une vision globale qui manque aujourd'hui cruellement, aussi bien au sein de la majorité que de l'opposition.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.