Un orchestre montréalais revisitera les grands classiques de la chanson maghrébine à l'occasion du Festival du monde arabe. Ce ne sera pas par une quelconque prouesse technologique hologramme, que seront réunies ce dimanche soir à Montréal plusieurs icones de la chanson algérienne et maghrébine. Ce sera à travers un orchestre montréalais qui rappelle la formation El Gusto qui réunit des musiciens musulmans et juifs d'Algérie et du Maghreb qui a fait l'objet d'un film il y a quelques années. Lili Boniche (Alger Alger), Line Monty (Ana Louliya), El Hasnaoui (Aruah Aruah, Ya Noudjoum Ellil), Reinette l'Oranaise (Nhabbek NHabbek), Salim Hallali, Fadila Dziria et Samy El Maghribi, entre autres, seront au centre de l'hommage à « ces artistes intemporels, immortels, qui ont marqué l'âge d'or d'un patrimoine musical algérien et maghrébin pluriel ».
Intitulé Les immortels le concert rendra hommage à ces symboles de la musique arabo-anadalouse et berbère. « Déjà en 2015 à l'occasion de l'hommage à Salim Halali, le concept était là. J'avais en tête l'idée qu'il y avait des artistes algériens de culture juive qui ont tellement donné au patrimoine algérien mais malheureusement qu'om ne revendique pas assez. C'est au Québec qu'on s'en aperçoit en côtoyant les Marocains, par exemple. Pendant longtemps Salim Halali a été présenté comme Marocain, ce qui ne me pose absolument aucun problème. Ses soirées mythiques au cabaret Le Coq d'Or de Casablanca témoigne que le Maroc l'a accueilli à bras ouverts. Ceci dit il n'en demeure pas moins que Salim Hallali est un natif de Souk Ahras (Algérie). Il devrait être aussi une fierté algérienne! » , explique Sara Nace de SN Production qui co-produit la soirée avec le Festival du monde arabe de Montréal. « Toutes les chansons de Halali, par exemple, sont chantées dans les mariages en Algérie. Tout ce patrimoine est repris mais personne ne le revendique! », souligne la productrice. « Cette musique est d'une symbolique très forte. Elle est le reflet d'une identité maghrébine plurielle et notamment algérienne plurielle » « La génération de nos parent sait par exemple que derrière telle ou telle chanson il y a Lili Boniche ou Reinette l'Oranaise mais la jeune génération le sait moins ou l'ignore carrément. Une génération qui a grandi dans une Algérie qui n'est pas ouverte et qui ne s'est pas encore réconciliée avec son identité. Une génération qui quand elle découvre cette part de notre patrimoine se rend compte de l'étendu du déni culturel! », ajoute la jeune productrice.
« Que ce soit Cheikh El Hasnaoui qui chantait en berbère (kabyle), Fadila Dzirya en arabe algérois ou les autres, tous ces artistes se mêlaient les uns aux autres. Nous appartenons à une terre qui a autant donné au patrimoine musulman, juif que chrétien - avec Saint Augustin, par exemple ». explique celle qui vit à Montréal, ville cosmopolite où se rencontrent toutes les cultures du monde. Le programme de la soirée ravira les fans de cette époque et les curieux. « Le chef d'orchestre est libre. C'est important qu'il y ait une confiance entre lui et le producteur. Bien sûr, il faut s'entendre sur le programme mais c'est lui l'artiste », explique Sara Nacer qui promet qu'« on écoutera des chansons de tous ces artistes le long de la soirée. Pour certains, ce sera deux chanson et pour d'autres trois. Il y a aussi des chansons qui ont été interprétées par plusieurs. On aura évidemment, El Bellaredj et Wahrane El Bahia ! ». Ces deux chansons étant un coup de cœur de la productrice.
« Salim Halali était pour moi la porte d'entrée sur toutes ces icônes de la chanson algérienne et maghrébine. A travers El Bellaredj chantée par Fadila Dziria j'ai eu accès à une autre icône de la variété algérienne René Perez » , se rappelle celle qui a fait appel comme en 2015 à Henry Abittan pour former l'orchestre qui sera sur scène dimanche. Ce dernier a été aussi chef d'orchestre lors du mémorable hommage à Salim Halali. Né à Casablanca où il a connu Salim Hallali et ses soirée mythiques, Henry Abittan perpétue la tradition sur les rives sur Saint-Laurent. On se rappelle aussi de sa performance avec Hamdi Bennani lors du passage de ce dernier en 2010 à Montréal.
On reconnaîtra aussi dans l'orchestre, Salim Bouzidi l'un des membres fondateurs des Amis de la musique andalouse de Montréal (AMAM) et Maurice Malka, l'un des premiers percussionnistes (drabki) arrivés à Montréal où il a joué avec Salim Hallali et Line Monty. SN production a une longue histoire avec les immortels. En juin dernier à Montréal, la même équipe organisait un hommage tout en littérature à une autre immortelle, Assia Djebar. Ce dimanche, place à la musique.