Natif d'Annaba en 1920, Salim Hallali fut un chanteur incontournable de la musique arabo-andalouse. Artiste cosmopolite et humaniste, il connaîtra un franc succès à Paris, où il fut sauvé de la déportation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, alors que Paris était sous occupation allemande, le fondateur et recteur de la Grande Mosquée de Paris, Si Kaddour Benghebrit, parent de l'actuelle ministre de l'Education nationale, parvint à dissimuler les origines juives de Salim Hallali en expliquant aux agents de la Gestapo qu'il était musulman. Benghebrit engage alors le jeune Salim dans le café maure de la mosquée pour se produire avec des artistes de renommée, comme Ali Sriti. Cette anecdote de la mosquée de Paris a été d'ailleurs immortalisée dans un film culte les Hommes libres d'Ismaïl Ferroukhi, sorti en 2011. Le rôle de Salim Hallali, un des personnages principaux, est campé par Mahmoud Chalabi. Sauvé ainsi de la déportation nazie, Salim Hallali se consacre corps et âme à la musique andalouse, qui est loin d'être son violon d'Ingres. D'ailleurs, la diva Oum Keltoum avait salué son immense talent. Il rencontre à Paris l'artiste algérois de music-hall Mohamed Kamel qui lui sera d'un grand secours dans le lancement de sa carrière. La collaboration entre les deux artistes donnera naissance à des chefs-d'œuvre immortels comme Acheqt tifla andaloussya, Bin el bareh wa el youm, etc. par la suite, une tournée en Europe finit par asseoir sa notoriété et son assise. Sa renommée fut désormais établie. Installé un moment au Maroc avant de revenir en France, Salim Hallali anime des concerts dans plusieurs salles prestigieuses aussi bien à Paris, Casablanca qu'à Montréal où il se produisit au milieu des années 1970. En 1993, il met fin à sa flamboyante et riche carrière artistique. Se tenant loin des feux de la rampe du milieu artistique et musical, il décède le 25 juin 2005 en France. 10 ans après sa mort et 40 ans après son passage mémorable à la mythique Place des Arts de Montréal, le Festival du monde arabe (FMA) lui rend hommage à l'occasion sa 16e édition. Ainsi, le chanteur d'origine marocaine installé au Québec Henry Abittan et son orchestre nous feront revivre, ce soir, le répertoire du légendaire artiste qui a débuté dans le sous-sol de la Grande Mosquée de Paris. Des musiciens qui ont joué dans l'orchestre de Salim Hallali participeront à la soirée-hommage de ce dimanche à Montréal, apprend-on auprès des organisateurs qui précisent que l'hommage est organisé avec la collaboration de SN production. Y. A.