Le limogeage du directeur général des Douanes algériennes, intervenu vendredi dernier, a suscité l'émoi au sein de la corporation douanière. L'information annonçant le remplacement de Keddour Bettahar par le directeur du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), Noureddine Allag, a été rendue publique par un communiqué laconique du ministère des Finances, ne donnant aucune explication quant aux raisons de ce changement. «C'est une décision émanant des plus hautes autorités du pays et nous n'avons aucune idée sur le motif pouvant l'expliquer. Le directeur général lui-même était surpris», nous confie un cadre à la direction générale. Désigné à la tête des Douanes en mai 2015, en remplacement de Mohamed Abdou Bouderbala, qui devait prendre la direction générale d'Air Algérie, Keddour Bettahar était connu pour être «l'une des meilleures compétences de l'institution douanière», et ce, pour avoir «assuré et bien mené plusieurs hautes responsabilités au sein de l'administration régionale et centrale», nous dit-on. Son renvoi soudain répond donc à «un impératif donné, ou un incident qui reste jusqu'ici inconnu», commente un observateur de la scène nationale. Il est à signaler à ce propos que le désormais ex-directeur général des Douanes a été chargé, entre autres, de superviser la mise en œuvre du nouveau code des douanes, adopté en janvier dernier. Un ambitieux programme de modernisation de l'administration douanière a été lancé à cet effet, avec comme objectif de promouvoir la mission économique et sécuritaire de la douane, en offrant aux opérateurs économiques, qu'ils soient producteurs, importateurs ou exportateurs, un cadre d'exercice et de régulation des échanges garantissant une meilleure transparence et une plus grande équité. Il se trouve, cependant, que le corps des douanes algériennes a été, de tout temps, soumis «aux interférences et aux instructions émanant de plusieurs centres de décision qui ont rendu son fonctionnement inerte, neutralisant par là même les textes de loi régissant le secteur», fait remarquer un expert économique. Et de rappeler, à titre d'exemple, l'épisode du blocage, puis du déblocage des marchandises importées et mises en zones sous douane, sur simple instruction du ministère, alors que «certaines dispositions des mesures appliquées par les douanes sont contraires aux accords internationaux liés au commerce extérieur». En tout état de cause, le changement opéré à la tête de la direction des douanes ne devrait pas omettre la nécessité d'adapter cette institution au contexte économique difficile que le pays traverse, où l'administration douanière se doit de contribuer à l'encouragement de l'investissement, national et étranger, à travers la simplification des procédures réglementaires douanières et la facilitation des échanges, tout en assurant un recouvrement efficient des recettes et une protection efficace de l'économie nationale.