Le Premier ministre sera interpellé une nouvelle fois aujourd'hui sur le cas du blocage qui perdure du projet de l'usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Cevital à Béjaïa. Il le sera cette fois-ci de plus près. Les services d'Ahmed Ouyahia seront saisis par une lettre que viendra déposer ce matin une délégation composée d'une quinzaine de personnes. En plus des représentants des comités de soutien aux travailleurs de Cevital, créés dans différentes wilayas du pays, la délégation sera renforcée par la présence d'un groupe de députés représentant trois partis (RCD, El Moustakbal et RPR). Djamel Zenati, qui a affiché sa solidarité active pour la cause en prenant part à la dernière «marche de la dignité», est annoncé aussi parmi la délégation qui se rendra ce matin au palais du gouvernement. Les services du Premier ministère seront destinataires d'une lettre d'interpellation sur le blocage de l'usine de Cevital et d'un rapport détaillé et interpellant aussi sur «la politique de deux poids deux mesures», qui réserve au projet de Cevital le sort contraire que celui offrant toutes les facilités à deux projets similaires implantés sur 16 hectares au port de Djendjen, à Jijel. La requête n'omet surtout pas de souligner que Cevital a acquis pourtant un terrain, de 12 000 m², en dehors de l'enceinte du port, ce qui bat en brèche l'argument de la saturation de l'espace portuaire pour justifier le blocage. Ces données et d'autres seront portées à la connaissance du Premier ministre. Elles lui sont à vrai dire rappelées, puisque Ahmed Ouyahia est amplement au fait du dossier Cevital au sujet duquel il s'est déjà exprimé publiquement. Le 26 avril dernier, dans un meeting de campagne à la maison de la culture de Béjaïa, le SG du RND avait trouvé anormal le blocage des équipements de Cevital au port de Béjaïa. Promu Premier ministre, Ouyahia a été interpellé à la mi-septembre dernier par une vingtaine de députés à travers une lettre. On l'avait sollicité pour une «intervention urgente» pour débloquer «un projet industriel phare pour notre pays qui est bloqué par les agissements du DG du port de Béjaïa», avait écrit le groupe de députés. L'interpellation n'a eu aucun écho, tout comme celles qui l'ont précédée. La nouvelle lettre que déposera la délégation aujourd'hui est la troisième du genre après celles adressées à Abdelmalek Sellal et à son successeur, Abdelmadjid Tebboune. Le gouvernement ne s'est fendu d'aucune réponse, y compris de la part du ministre des Transports, Abdelghani Zaalane, qui a ignoré le problème lors de sa visite de travail effectuée à Béjaïa le 9 octobre dernier. L'option du déplacement aujourd'hui à la rue Docteur Saâdane est imposée par ce silence officiel et a été prise après le refus du wali de Béjaïa de recevoir une délégation issue de la marche du 3 juillet dernier. Le refus obstiné des autorités de s'exprimer sur ce dossier autorise la question de savoir comment sera accueillie aujourd'hui la délégation élargie aux députés et que répondra-t-on à sa demande d'audience. Il est fort probable qu'Ouyahia la reçoive. Les animateurs des différents comités de soutien prévoient en tout cas de se rencontrer après ce déplacement pour maintenir la dynamique de la structuration d'autres comités et afin d'arrêter la prochaine action de rue. D'ores et déjà, un consensus se dégage pour une autre «marche de la dignité» à Tizi Ouzou.