Elle est bel et bien partie la nouvelle télé franco-marocaine d'info en continu Médi1 Sat, vendredi dernier, comme les puissants de ce monde les imaginent : pour porter les messages de la communication/publicité et simultanément les plus fortes propagandes, à rayonnage de puissance régionale. Il ne faut pas pour autant que l'opinion publique algérienne croit que l'aventure tombe du ciel sur le sol du royaume marocain. Le Maroc, à sa façon, a bâti dans le domaine, depuis des lustres, des rapports fermes avec la France pour ériger des groupes de communication consolidés qui ont pu, à diverses époques, proposer de nouvelles aventures en le domaine. Rappelons en exemples, d'abord la chaîne Telma : dès mai 1951, et durant quelques années, elle arrosa d'images de la télé française les riches foyers de Casablanca. Et, plus proche de nous le lancement, le 3 mai 1981, de 2 M international, copropriété de la Sofirad française et du groupe économique proche du Trône, Omnium nord africain (ONA), reprise plus tard avec son lourd déficit par l'Etat marocain. Les spéculations vont bon train déjà sur la nouvelle " arme " ainsi acquise par le Maroc dans son action diplomatique au sujet du dossier du Sahara Occidental. Le patron, français, de la nouvelle entreprise affirme clairement : " Notre périmètre est bien défini : nous voulons être la première chaîne d'information du grand Maghreb et de la communauté maghrébine en Europe". P. Casalta sait de quoi il parle : il a lancé, en 1981, et mené à bon port la chaîne de radio Médi I mélangeant avec succès arabe et français. Comme pour la radio, le modèle de structure financière de l'entreprise Médi 1 Sat est de joint venture avec des intérêts français : 26% de Maroc Telecom, 26% de la Caisse des dépôts et de gestion, 14% de la radio Médi 1, 34% revenant à un consortium français, le CIRT au sein duquel figure la Caisse des dépôts et consignation. Comme pour la radio, le siège de la télévision est aussi situé dans la zone franche de Tanger, dans des locaux spacieux dotés d'outillage de récente technologie ; avec deux principaux studios, pour la fabrication des journaux et bulletins et dans l'autre les débats. Le coût de l'ensemble du dispositif est de 14 millions d'euros ; les estimations du coût de fonctionnement annuel sont évaluées à 15 millions d'euros. La recette publicitaire est chargée du financement. A son lancement le programmé diffusé est cantonné dans la plage 14h à 20h, mixant flashs d'info de 5 minutes (arabe/français) toutes les demi-heures et deux journaux, l'un en arabe et l'autre en français, à 18h00 et 19H00. Le directeur de la rédaction, franco-libanais, ancien responsable à la télévision française France 3, a déclaré en credo journalistique : " Notre principe c'est la rigueur, l'honnêteté, la clarté d'écriture sans parti pris." Au sujet de " lignes rouges " qui baliseraient son travail, il prend le parti pris d'être catégorique : " Nous parlons du Sahara occidental et nous diffusons un sujet sur le roi du Maroc si nous jugeons que cela s'impose dans l'actualité. " De production desk et présentation, Médi 1 Sat n'a pas encore les moyens de passer à la couverture d'enquêtes. La " touche " singulière que veut afficher la nouvelle télé est dans son rythme et le look général de présentation, résumé ainsi par son patron : " On joue l'empathie avec le public : les présentateurs sont sympathiques, jeunes, ne cherchent pas à éblouir et n'ont pas le visage hiératique comme c'est le cas des chaînes du Golf." Le ton est donné sur les feuilletons de batailles d'info à venir, à la suite de la radio Médi 1, depuis une quinzaine d'années, des images en plus.